De Paris: Souheila BATTOU
Journaliste/Cinéaste
Une gigantesque affiche à Tel Aviv met en scène dix présidents arabes aux côtés de Donald Trump et Benyamin Netanyahou. Cette imagerie de propagande célèbre une "victoire" israélienne et annonce un "Nouvel Orient" avec ses "alliés loyaux". Pourtant, ces leaders arabes représentent moins de la moitié de la Ligue arabe. Si leur alliance se veut une victoire, son coût est exorbitant. Cette "victoire" n'est qu'un pur stratagème narratif, bien que proclamée tour à tour par l'Iran, Israël et même les États-Unis. Elle incarne la "doublepensée", cette capacité perverse à faire croire que "la guerre, c'est la paix" au cœur même de la destruction. Face à cette réalité, les pays du Golfe sont plongés dans un doute existentiel : l'Iran s'affirme comme un voisin puissant, défiant Israël, alors qu'Israël, désormais incapable de se défendre seule, ne peut plus prétendre les protéger.
Gaza : Contre-Récit :
La réalité, elle, ne tarde jamais à rappeler à l'ordre tout ce beau monde. L'explosion d'un véhicule blindé israélien au sud de Gaza, qui a coûté la vie à sept soldats, contredit frontalement le récit de Bibi. Depuis son abri souterrain, en pleine conférence de presse via l'application Zoom, esquive les questions sur ses objectifs et hurle "victoire !". Pourtant, Israël n'a ni détruit le nucléaire iranien, ni empêché une riposte qui a pulvérisé le mythe d'une armée invincible. Cette obsession de la victoire orchestre une guerre psychologique où les symboles sont tordus à l'extrême. Chaque apparition publique devient une mise en scène macabre, sacrifiant la vérité. C'est un système conçu pour anéantir toute pensée critique et imposer une fausse réalité. Une fiction.
Donald Trump a déclaré ce jeudi : "Les États-Unis ont sauvé Israël et maintenant les États-Unis vont sauver Bibi Netanyahou." Il a vivement critiqué le procès en cours contre le Premier ministre, le qualifiant de "ridicule chasse aux sorcières." Il a également glorifié Netanyahou comme un "guerrier sans égal" pour sa "force dans l'amour de l'incroyable Terre Sainte". Face à ces mots, Bibi Netanyahou, visiblement touché et avec une pudeur inattendue, a simplement répondu : "Merci pour ce soutien émouvant."
Cependant, cette intervention a provoqué l'indignation de l'opposition israélienne. Yair Lapid, leader du parti Yesh Atid, tout en reconnaissant le soutien américain durant le récent conflit, a fermement dénoncé une "ingérence dans le processus judiciaire". Il a même insinué que Trump pourrait chercher à user de son influence pour obtenir de nouvelles concessions de la part du dirigeant israélien, notamment pour un cessez-le-feu dans la guerre de 20 mois à Gaza. Ce soutien, perçu comme paternaliste, révèle une vérité plus sombre : Tant que Bibi cherchera à fuir la justice, il continuera de provoquer ou de créer des conflits.
Conclusion :
Malgré les affiches de "victoire" et les récits façonnés, une vérité demeure. Donald Trump se pose en fervent défenseur de Bibi Netanyahou, mais il occulte le génocide en cours ainsi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale le 21 novembre 2024 pour crimes de guerre. Cette guerre n'est donc pas une fin, mais un simple "cessez-le-feu" précaire, un interlude avant un nouvel acte. L'avenir du Moyen-Orient, loin d'une paix véritable, semble condamné à des négociations illusoires et à des trahisons annoncées, puisque ce conflit n'est qu'une boucle infernale toujours prête à reprendre son cours destructeur.

