الحراك الإخباري - La victoire de Rima Hassan
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La victoire de Rima Hassan

منذ 9 ساعات|الأخبار


De Paris: Souheila BATTOU 

Journaliste et cinéaste 


Ce que l’on peut dire, dans ces cas-là, c’est que les images parlent plus fort que tous les discours officiels. Que parfois, un sourire, calme, sûr, indomptable, en dit plus long que mille cris. Rima Hassan n’a pas simplement défié l’ordre militaire israélien. Elle a retourné les caméras contre les puissants, contre les colons, contre les manipulateurs d’opinion. Elle a offert une image d’insoumission maîtrisée, de dignité incarnée. Et ce sourire-là, c’est une arme douce, mais tranchante.

Elle n’était pas seule. Autour d’elle, des militants venus d’Irlande, de Tunisie, d’Espagne, de France, d’Algérie ou de Grèce ont tendu leurs bras aux menottes avec la même sérénité. Élus, médecins, journalistes ou simples citoyens, ils formaient un front humain, une fraternité lucide. Ensemble, ils disaient au monde : Gaza ne sera pas seule.

Quand elle évoque Larbi Ben M’hidi, elle convoque une mémoire algérienne de la lutte, une mémoire où l’on affronte l’oppression sans baisser les yeux, même dans l’humiliation, même dans la mort. Ce n’est pas un sourire naïf, ni un sourire de façade : c’est un sourire stratégique, politique, presque sacré.

« Lorsqu’ils viendront nous arrêter, je les regarderai comme Larbi Ben M’hidi regardait les colonisateurs de sa terre : calme, confiant dans la libération de la Palestine », a-t-elle déclaré avant sa capture. Elle l’a dit. Elle l’a fait. Ce jour-là, elle a regardé droit dans les yeux ceux qui pensaient humilier. Et elle a souri.

Israël, dans cette mise en scène inversée, se retrouve acteur d’un théâtre dont il ne maîtrise plus le récit. Les soldats, les menottes, les bateaux arraisonnés… tout cela devient le décor d’une pièce où la résistante incarne la vérité, une vérité nue, filmée, transmise, regardée, partagée.

Et pendant qu’Israël, fidèle à sa réputation d’« armée la plus morale du monde », tend avec une sollicitude presque touchante des sandwichs sous cellophane et des bouteilles d’eau aux militants arrêtés, il tente de recoller les morceaux de son image ternie, comme un bourreau qui, après l’exécution, passerait un chiffon sur sa lame pour faire bonne figure. Mais il est trop tard : le monde a vu. Le monde sait. Ce jour-là, sur ce bateau, dans ce sourire imperturbable, Israël n’a pas seulement perdu une bataille médiatique. Il a perdu un peu plus de cette légitimité factice qu’il s’obstine à entretenir.

Alors que dire ?

Peut-être ceci :

Il est des sourires qui valent des insurrections.

Et celui de Rima Hassan, ce jour-là, face à la comédie humaine, face à l’histoire, était un sourire de victoire.

تاريخ Jun 9, 2025