الحراك الإخباري - Les guerres de 2025
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Les guerres de 2025

منذ 7 ساعات|الأخبار


Par Abed Charef 


1. Inde-Pakistan: deux puissances nucléaires en conflit permanent

Le monde n’a pas encore tourné la page des guerres en Ukraine, en Palestine, au Soudan, en République Démocratique du Congo et au Sahara Occidental, qu’il redoute déjà le déclenchement d’un nouveau conflit, cette fois-ci entre deux pays disposant de l’arme nucléaire, l’Inde et le Pakistan. Le côté récurrent du conflit indo-pakistanais, une sorte de guerre civile jamais soldée, et pouvant déraper à tout moment pour être tranchée à coups de bombes atomiques, soulève des craintes autrement plus pesantes que ce que le monde a vécu jusque-là.

Même s’il faut en nuancer la portée, en la situant dans le climat de surenchère classique en période de tension, une déclaration du ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asi, montre l’ampleur de la menace qui plane sur la région, voire sur le monde. «Si l'Inde attaque et que l'existence du Pakistan est menacée, personne ne survivra dans ce monde. Nous ne laisserons aucun autre pays vivre sur cette planète", a déclaré le ministre pakistanais de la Défense dans un tweet.

Le ton alarmant du message est une adresse claire aux grandes puissances pour les presser à intervenir en vue de rechercher une solution diplomatique. Mais il confirme aussi que deux pays voisins, nourris d’une profonde animosité, laquelle est animée par une accumulation de divergences culturelles, religieuses et géopolitiques, sont condamnés à vivre constamment au bord de la crise des nerfs tant qu’ils ne se sont pas engagés dans une démarche totalement novatrice. 

Guerre larvée

En fait, le conflit entre l’Inde et le Pakistan a des racines si profondes qu’il semble difficile de s’en extraire avant de longues décennies, voire des siècles. Les deux pays ont déjà vécu quatre conflits majeurs depuis la création du Pakistan en 1947, sans compter les multiples affrontements et escarmouches à caractère plus limité. Et l’évolution actuelle semble mener de manière irrémédiable vers l’exacerbation des tensions, tant les deux pays s’orientent vers un nationalisme chauvin, outrancier, sans nuances.

Le nouvel épisode guerrier a débuté selon un schéma assez connu. Un attentat dans une zone sous tension, le Cachemire indien, a fait 26 morts, des touristes. L’Inde l’a naturellement attribué à des terroristes pakistanais qui seraient soutenus par leur gouvernement. Le Pakistan a démenti, mais les autorités indiennes, sous l’emprise de l’ultranationaliste Modi, n’en ont cure. Elles ont mis en place une guerre larvée, notamment en coupant le ravitaillement en eau de larges zones du Pakistan à partir de sources et de fleuves se trouvant en Inde, et en prenant une série de mesures de représailles.

New-Delhi a ensuite annoncé le bombardement de camps de terroristes en territoire pakistanais, ce à quoi le Pakistan a riposté, annonçant avoir détruit des avions de combat de son voisin.

Le monde entier a appelé à la désescalade, mais l’initiative est clairement entre les mains des dirigeants indiens, face auxquels le Pakistan se sent en position défensive: la masse démographique de l’Inde est cinq fois plus élevée que celle du Pakistan, et New-Delhi est en compétition pour devenir la troisième puissance économique au monde d’ici le milieu du siècle, avec actuellement un PIB dix fois plus élevé que celui du Pakistan.

C’est ce sentiment de vulnérabilité qui a poussé le Pakistan à se doter de la bombe atomique, considérée comme l’arme ultime face à New-Delhi.

En outre, les deux pays n’ont jamais soldé leurs comptes. Il faut en effet rappeler que l’Inde considère toujours comme une trahison la sécession du Pakistan et du Bangladesh, territoires à majorité musulmane qui ont créé un nouveau pays en 1947, avant de se séparer à leur tour un quart de siècle plus tard. La séparation Inde-Pakistan a d’ailleurs provoqué le plus grand mouvement de population de l’histoire, avec plus de soixante millions de personnes qui ont changé de pays, dans les deux sens.

En termes de puissance, les ultranationalistes indiens rêvent encore d’une Inde qui, avec le Pakistan et le Bangladesh, approcherait les deux milliards d’habitants, près du quart de l’humanité. Ceci placerait l’Inde loin devant en termes de population, et donc de puissance potentielle. La population du Pakistan et du Bangladesh réunie est actuellement supérieure à celle des Etats-Unis ! 

Une guerre impensable ou impossible

Avec une telle masse démographique, une guerre parait insensée. Plutôt qu’un affrontement de haute intensité, que le monde entier veut éviter, la question est plutôt de savoir à quel niveau de riposte chacun des deux belligérants va estimer que l’honneur est sauf, et qu’on peut en rester là.

Pays le plus peuplé au monde, puissance économique en ascension, poids lourd au sein des BRICS, l’Inde place la barre très haut pour justifier son nouveau statut et ses ambitions. Mais le Pakistan est lui aussi contraint de faire de la surenchère, car le moindre signe de faiblesse risque d’être exploité par son voisin-ennemi.

Et le plus inquiétant est à venir. Les deux pays s’orientent en effet vers une exacerbation de la tension, alimentée par l’ascension continue de courants nationalistes identitaires, chauvins, comme relevé plus haut. Tous deux héritiers d’une tradition parlementaire britannique, ils se sont progressivement orientés vers un autoritarisme aussi pesant qu’inégalitaire. Un autoritarisme qui nourrit et se nourrit de la guerre, et occulte les seules guerres dignes d’être menées, celle contre la pauvreté et les inégalités.

تاريخ May 8, 2025