Ahmed ABDELKRIM
Dans un Maghreb marqué par des recompositions géopolitiques accélérées, deux trajectoires nationales se dessinent en opposition frontale. D’un côté, une Algérie qui revendique une souveraineté pleine, construite sur une indépendance militaire et une stratégie économique nationale. De l’autre, un Maroc de plus en plus engagé dans des alliances déséquilibrées, où la dépendance stratégique grignote progressivement ses marges de souveraineté. Cette divergence n’est pas nouvelle, elle s’ancre dans une histoire de choix et de concessions répétées.
Une souveraineté jalousement préservée
L’Algérie demeure l’un des rares États de la région à préserver une souveraineté absolue. Aucun contingent étranger n’est stationné sur son territoire, aucune base militaire étrangère n’est tolérée, et sa politique de défense reste strictement nationale. Cette indépendance, chèrement acquise, s’appuie sur une continuité historique directe avec la guerre de libération.
L’Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), est profondément enracinée dans le tissu populaire. Elle bénéficie d’une légitimité nationale forte et s’appuie sur des officiers et des spécialistes hautement formés, animés par un patriotisme inébranlable. L’ANP a su intégrer les métiers de pointe : maîtrise de la cybersécurité, expertise en intelligence économique, communication stratégique et défense électronique. Elle ne se contente pas de défendre le territoire : elle protège la souveraineté intellectuelle, informationnelle et technologique du pays.
Le Maroc : une longue histoire de compromissions
À l’opposé, le Maroc s’est inscrit dans une trajectoire de dépendance sécuritaire préoccupante. La normalisation des relations avec Israël en décembre 2020 n’est pas un simple épisode diplomatique, mais le prolongement d’une politique ancienne de collaboration secrète.
Dès les années 1960, le roi Hassan II avait discrètement noué des liens étroits avec le Mossad et les services secrets israéliens. L’un des épisodes les plus emblématiques reste le sommet de la Ligue arabe de 1965 à Casablanca. Hassan II aurait fait installer des dispositifs d'écoute — des micros dans les salons et les salles de réunion — permettant aux Israéliens d'enregistrer secrètement les conversations entre dirigeants arabes. Ces informations auraient ensuite été transmises directement au Mossad, jouant un rôle déterminant dans la préparation stratégique de la guerre des Six Jours en 1967.
Shlomo Gazit, ancien chef du renseignement militaire israélien, avait confirmé dans une interview que les services marocains avaient livré aux Israéliens des enregistrements précieux des débats entre chefs d’État arabes, révélant des failles stratégiques et des désaccords internes. Cet épisode, peu relayé dans les médias mainstream, illustre une politique marocaine où la sauvegarde du trône semblait l’emporter sur les intérêts collectifs du monde arabe.
Coopération sécuritaire maroco-israélienne : une dépendance stratégique
Cette collaboration ne s’est jamais interrompue et s’est considérablement intensifiée depuis 2020.
24 novembre 2021 : Signature d’un accord de défense global entre le Maroc et Israël (renseignement, formation militaire, échanges technologiques).
Avril-mai 2024 : Installation par BlueBird Aero Systems d’une usine de fabrication de drones militaires au Maroc, avec transfert de technologies sensibles.
Juin 2023 : Achat de systèmes de drones kamikazes et de défense anti-aérienne israéliens (BarakMX) pour près de 500 millions USD.
Juillet 2024 : Contrat d’1 milliard USD pour l’acquisition d’un satellite espion israélien de type Ofek-13.
Janvier 2023 : Mise en place d’un comité de cyberdéfense conjoint, offrant aux experts israéliens un accès direct aux infrastructures numériques marocaines.
Cette dynamique s’apparente moins à une coopération équilibrée qu’à une délégation de souveraineté, où les leviers stratégiques marocains sont partagés, voire concédés.
Tableau comparatif : Algérie – Maroc
AlgérieMaroc
Aucune base militaire étrangèrePrésence stratégique israélienne
Défense nationale autonomeDépendance sécuritaire israélienne
Partenariats équilibrésAlliances asymétriques et déséquilibrées
Armée populaire issue du peupleSystème sécuritaire sous influence étrangère
Une nation jeune et stable, tournée vers l’avenir
L’Algérie s’appuie sur des fondamentaux solides :
Population urbaine : 75 % en 2022
Croissance économique : 4,1 % en 2023 ; prévisions de 3,8 % en 2024
Exportations hors hydrocarbures : Multipliées par trois entre 2020 et 2023, atteignant 5,1 milliards USD
Réformes portuaires : Modernisation du système APCS, réduction des délais de dédouanement
Avec une politique volontariste dans l’éducation et la santé (taux de scolarisation primaire de 99 %, couverture médicale de 90 %), l’Algérie investit dans son capital humain et prépare l’émergence de nouvelles élites compétentes.
L’Algérie entend s’imposer comme une puissance régionale fiable, non pas par la soumission mais par la maîtrise de ses propres ressources. Portée par le leadership de ses dirigeants et la détermination de ses femmes et de ses hommes, l'Algérie ne peut que progresser, en dépit des tentatives insignifiantes de certains parasites qui cherchent vainement à freiner son élan.
Une réponse sereine à la propagande adverse
Face aux narratifs marocains qui s’efforcent de réduire l’Algérie à un statut de puissance régionale isolée, les faits démentent cette fiction. L’indépendance politique de l’Algérie est totale. Son développement est cohérent, inclusif et porté par des projets structurants. Sa force militaire s’appuie sur une armée issue du peuple, compétente et légitime, qui a su moderniser ses capacités sans jamais renier son ancrage national.
Une Algérie confiante, un Maroc sous tutelle
L’Algérie avance. Avec constance, lucidité et force. Face à elle, le Maroc semble prisonnier d’une stratégie où chaque nouvelle alliance étrangère creuse un peu plus le déficit de souveraineté.
Au-delà de la rhétorique, le royaume chérifien s’est enfermé dans un jeu de dépendances successives, où la sauvegarde des intérêts du trône passe avant la défense des intérêts du peuple marocain.
À force de multiplier les baise-mains, le Makhzen a oublié comment se tenir debout. Ce geste répété a gravé dans ses os la marque d’une soumission irréversible.

