الحراك الإخباري - Au Sahara Occidental, le Maroc veut exploiter l’effet Trump
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Au Sahara Occidental, le Maroc veut exploiter l’effet Trump

منذ 4 ساعات|الأخبار

 

Abed Charef

Influenceurs, presse et dirigeants marocains sont aussi unanimes qu’euphoriques. A les en croire, le dossier du Sahara Occidental va bientôt être clos. L’affaire est pliée. Ce n’est qu’une question de de temps, de jours même, car selon eux, «le dossier du Sahara entre dans sa phase finale». Une solution qui consacrerait, évidemment, le point de vue marocain.

Du point de vue marocain, le verdict pourrait tomber le 30 octobre prochain, lorsque le conseil de sécurité de l’ONU se réunira pour décider de reconduire le mandat de la MINUSRO, la force des Nations-Unies au Sahara Occidental, pour un nouveau mandat. Toujours selon le point de vue marocain, «la prochaine résolution du Conseil de sécurité devrait acter l’autonomie comme unique solution crédible au Sahara marocain».

Ce serait donc un point de bascule, préparé notamment lors de la visite effectuée mi-octobre à Moscou par le ministre marocain des Affaires étrangères, M. Nasser Bourita, qui a rencontré son homologue russe Sergueï Lavrov.

Des commentateurs algériens se sont laissés prendre dans cette ambiance. L’un d’eux estime que les Sahraouis «ne sont pas disposés à la lutte armée, au sacrifice suprême, qu’ils ne sont pas en mesure de le faire, qu’ils n’ont ps les moyens humains et matériels pour le faire, même s’ils le voulaient, la raison étant évidente, après que le Polisario ait abandonné son côté libérateur pour se transformer en un gouvernement illusoire comptant sur l’Algérie dans tous les domaines».

Effet Trump

Pour les Marocains, les planètes semblent donc s’être alignées. Le point de départ a été la fameuse déclaration faite par Donald Trump en décembre 2020, affirmant que le Sahara Occidental est un territoire marocain, et que le plan d’autonomie présenté par le Maroc était «sérieux, crédible et réaliste». Pour M. Trump, qui promettait l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla, un État sahraoui «n’était pas une option réaliste».

Pourtant, au moment où il offrait ce cadeau au Maroc, le président Trump venait d’être battu à l’élection présidentielle par Joe Biden. Il avait de fait perdu sa légitimité, mais il avait décidé de faire un dernier geste en faveur du Maroc, en contrepartie de la normalisation de Rabat avec Israël dans le cadre des fameux «accords d’Abraham». Un troc, dans la pure pratique commerciale de M. Trump, accepté par la partie marocaine, qui trouvait avantageux d’échanger une reconnaissance d’Israël contre une reconnaissance de la marocanité du Sahara Occidental.

Deux questions méritent d’être posées.

Comment un homme politique, désavoué chez lui, comme M. Trump, peut-il décider à qui appartient un territoire sur lequel il n’a aucun droit?

Comment un gouvernement marocain dirigé alors par un homme d’obédience «frères musulmans», Saad Eddine El Othmani, peut-il assumer la normalisation avec Israël, trahissant ainsi le Hamas, branche palestinienne des «Frères musulmans»?

Macron et Sanchez à la rescousse du Maroc

Dans le sillage de M. Trump, la France et l’Espagne décidaient à leur tour d’abandonner leur position traditionnelle, conforme à celle des Nations-Unies, pour balancer en faveur du plan d’autonomie marocain. Pour un financier comme Macron, un homme versatile, sans culture historique, la décision pouvait s’expliquer, car elle relevait du troc. Mais là encore, la décision venait au pire moment: M. Macron a décidé d’adopter la thèse marocaine alors qu’il venait de perdre, coup sur coup, élections européennes et législatives, plongeant son propre pays dans une crise politique qui dure encore. Ce qui impose forcément cette autre question: de quel droit des dirigeants ayant perdu la légitimité chez eux, comme MM Trump et Macron, se sentent habilités à prendre des décisions à propos de territoires qui ne les concernent pas et qui se trouvent à des milliers de kilomètres ? Pure logique coloniale.

Pour le premier ministre espagnol Pedro Sanchez, c’était plus complexe. L’homme qui a adopté des positions très offensives en faveur des palestiniens après le 7 octobre est, curieusement, resté dans la ligne considérée comme une trahison des socialistes espagnols envers les Sahraouis. Historiquement, les socialistes espagnols ont soutenu, du bout des lèvres, le droits du peuple sahraoui à l’autodétermination, mais une fois au pouvoir, ils ont adopté une attitude différente. Ils ont accepté, de fait, la colonisation marocaine. C’était d’autant plus problématique que l’Espagne est l’ancienne puissance coloniale au Sahara Occidental, où elle avait tous les atouts pour pousser à une solution juste.

Forcing marocain

Fort de ces signaux positifs, le Maroc estime aujourd’hui possible de faire avancer ses prétentions. C’est dans ce cadre que M. Bourita s’est rendu à Moscou, la Russie devant présider ce mois-ci le conseil de sécurité appelé à voter une résolution sur le Sahara Occidental à la fin du mois. Hasard: le projet de résolution dont il est question serait présenté par les États-Unis, et il serait évidemment favorable au Maroc.

La tradition veut que des consultations préliminaires soient menées pour arriver à un texte consensuel, à l’exception de sujets clivants, où un membre permanent oppose son veto. Il s’agit le plus souvent des États-Unis qui s’opposant à des textes condamnant Israël.

Dans le cas présent, et indépendamment du vote global des membres du conseil de sécurité, c’est le vote des membres permanents qui sera scruté. Si effectivement une résolution américaine trop déséquilibrée est présentée, le moyen le plus probable de la contrer sera un veto d’un des membres permanents du conseil. Seuls deux pays peuvent le faire: la Russie et la Chine. Le feront-ils, sachant que ces deux pays ont accepté sans réagir le rejet de l’adhésion de l’Algérie aux BRICS?

En tout état de cause, même si l’émissaire américain Massad Boulos parle de Sahara marocain, le trumpisme n’est pas une fatalité, et n’écrit pas définitivement l’histoire.

تاريخ Oct 18, 2025