الحراك الإخباري - Algérie-France .. Une normalisation à minima
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Algérie-France .. Une normalisation à minima

منذ أسبوع|رأي من الحراك

 

Par Abed Charef


Le miracle n’a pas eu lieu. En quittant Alger, dimanche 6 avril dans l’après-midi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot pouvait certes afficher le sentiment du devoir accompli, mais guère plus. Sa visite, supposée solder une crise de huit mois dans les relations algéro-françaises, s’est limitée à un objectif très modeste: une normalisation à minima. Sans illusions.

Le contexte de la visite était très compliqué. M. Barrot avait exprimé, depuis plusieurs mois, son volonté de se rendre à Alger pour recoller les morceaux, après la décision du président Emmanuel Macron de soutenir la position marocaine sur le Sahara Occidental, un casus belli qui a plongé les relations bilatérales dans une profonde crise. La partie algérienne n’avait pas répondu aux sollicitations de M. Barrot, ce qui a été considéré par des commentateurs français comme un affront.

Sur ce, était née l’affaire Boualem Sansal, un écrivain algérien, récemment naturalisé français, arrêté le 16 novembre après des propos infamants sur l’Algérie. La partie française avait habilement exploité l’affaire Sansal, pour en faire La Question centrale de la crise algéro-française, éclipsant le contentieux initial sur le Sahara Occidental.

Deux hommes se sont illustrés à cette occasion: le ministre français de l’Interieur Bruno Retailleau et l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt, qui avaient mené une vaste campagne, menaçant l’Algérie de foudres terribles.

Le président Macron s’était lui aussi engouffré dans la brèche, tenant des propos blessants et mensongers. Il avait déclaré que l’Algérie «se déshonore» en plaçant M. Sansal en détention, et avait accusé les autorités algériennes de le «priver de soins».

La situation avait atteint un niveau de tension dangereux. Une réconciliation était exclue, mais le fonctionnement des relations bilatérales imposait un retour à un minimum d’échanges et de procédures bureaucratiques. C’est ce qui a été acté fin mars: des tractations aussi longues que discrètes ont permis d’organiser un entretien téléphonique entre les deux chefs d’Etat, de s’entendre sur le communiqué qui serait publié et de maintenir en vie les organes vitaux de la relation bilatérale.

L’Algérie acceptait une reprise à minima du fonctionnement des relations bilatérales, incluant des contacts sécuritaires, des échanges entre partenaires économiques, un retour au fonctionnement normal des consulats auxquels échoit la charge de délivrer les laisser-passer pour les personnes faisant l’objet d’OQTF, etc. Mais personne ne se fait d’illusions.

Quand M. Barrot s’est rendu à Alger pour évoquer tous ces sujets, il a été accueilli sans enthousiasme. L’ancien ambassadeur Xavier Driencourt a pris un malin plaisir à noter les petits détails protocolaires qui montraient le peu de considération dont jouissait le chef de la diplomatie française: il a été accueilli à l’aéroport par un simple fonctionnaire, il n’y avait pas, sur la table, les petites friandises traditionnelles avec lesquelles on accueillait les invités, l’entretien avec le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmed Attaf a eu lieu à l’heure du déjeuner, mais il n’y avait pas de déjeuner, etc. En fait, M. Barrot ne devait guère s’attendre à mieux, lui qui avait déclaré que la mise en détention de M. Sansal était «sans fondement», et «tout simplement inacceptable».

Entre-temps, la partie française avait abandonné le ton menaçant et guerrier. La «riposte graduée» de M. Retailleau, au cas où M. Sansal ne serait pas libéré, était oubliée, et le ministre de l’intérieur français invité à se faire discret. Désormais, le président Macron et son ministre des Affaires étrangères souhaitent juste un «geste humanitaire» au profit d’un homme «âgé et malade». Le dossier est plié.

Cette fin de séquence, en mode plutôt discret, permet de maintenir la relation bilatérale à un niveau basique, mais il est difficile d’attendre quoi que ce soit de significatif dans un avenir proche. Même en temps normal, la bureaucratie algérienne a de la peine à faire avancer les dossiers. Dans des temps troublés comme ceux de 2025, elle se fera un malin plaisir à tout ramener à un niveau proche de zéro, en mode hibernation, qu’il s’agisse de coopération économique, d’échanges culturels ou de concertation diplomatique.

Mais cette phase elle-même sera bientôt dépassée. Le Chef de l’Etat français va avoir de moins en moins de prise sur une vie politique française en phase pré-électorale. Il sera lui aussi soucieux de trouver un terrain sur lequel rebondir après avoir quitté le pouvoir.

L’Algérie reviendra très certainement dans la campagne électorale française, mais d’ici là, la partie algérienne aura le temps de se préparer à l’ère post-Macron, en se demandant tout de même à qui profitera en premier la campagne anti-Algérie après la disqualification probable de Marine Le Pen.

تاريخ Apr 8, 2025