الحراك الإخباري - Avec Trump, les pays du Golfe font des placements non halal
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Avec Trump, les pays du Golfe font des placements non halal

منذ 9 ساعات|الأخبار

Abed Charef

La tournée du Président américain Donald Trump dans les pays du Golfe a donné lieu à un spectacle rare: le chef d’Etat le plus puissant du monde s’est transformé en représentant de commerce, signant des accords faramineux avec des pays disposant de recettes financières illimitées. L’Arabie Saoudite, le Qatar et les Emirats Arabes Unis ont promis de mobiliser 4.000 milliards de dollars dans des contrats dont seraient bénéficiaires les entreprises américaines, selon M. Trump, qui a exprimé sa satisfaction béate: «C'est une tournée historique. Il n'y a jamais eu de tournée pouvant rapporter, au total, 3.500 à 4.000 milliards de dollars en seulement quatre ou cinq jours", a-t-il déclaré sur un ton triomphaliste devenu sa marque de fabrique.

Ces annonces ont été accueillies de différentes manières. Avec scepticisme, chez de nombreux spécialistes, qui relèvent qu’il s’agit essentiellement de protocoles d’accord à appliquer sur une dizaine d’années, le temps pouvant remettre en cause beaucoup de choses; avec enthousiasme par certaines entreprises, comme la compagnie Boeing, en difficulté depuis des années, et qui se voit promettre une vente de 210 avions pour 96 milliards de dollars au profit du Qatar; avec beaucoup de dépit, aussi bien chez les concurrents des compagnies américaines que chez des dirigeants qui voient Trump consacrer sa première visite à l’étranger aux riches pays du Golfe et non aux alliés traditionnels des Etats-Unis.

Mais la réaction la plus remarquable, c’est une réaction de mépris pour les pays visités et leurs dirigeants, une attitude largement partagée par une partie des médias arabes et sur les réseaux sociaux. Des commentaires humiliants, des propos désobligeants, voire insultants, des caricatures à la limite du racisme, ont foisonné après la fin de la tournée de M. Trump, particulièrement au regard du faste de la visite, qui intervient à un moment où la Palestine est le théâtre de tant de souffrances.

Un autre regard

Pourtant, à y regarder de plus près, l’attitude des pays du Golfe visités par le président américain est conforme à ce que eux considèrent comme leurs intérêts. L’Arabie Saoudite de Mohamed Ben Selmane, par exemple, veut s’affirmer comme puissance régionale. Elle voit ce statut reconnu quand le président américain en fait sa première destination à l’étranger, malgré le refus de l’Arabie Saoudite de reconnaître Israël tant qu’il n’y a pas d’Etat palestinien, malgré le rapprochement de Ryadh avec l’Iran opéré grâce à une médiation chinoise, et malgré la politique énergétique de l’Arabie Saoudite qui privilégie ses propres choix stratégiques, y compris quand ils la rapprochent de la Russie plutôt que des Etats-unis.

D'autre part, les contrats en question sont présentés comme des cadeaux des pays du Golfe au profit des États-Unis. En disséquant ces contrats, on note cependant qu'ils répondent largement aux politiques suivies par ces pays, y compris les plus polémiques parmi eux.

Le Qatar, par exemple, a offert un avion de 400 millions de dollars au président Trump.

A priori, c'est un non sens.

Mais à y regarder de plus près, c'est totalement conforme à ce que fait le Qatar depuis un quart de siècle. Pays immensément riche, mais ayant une population très faible et une capacité de défense limitée, ce pays s'est placé sous protection américaine, tout en développant un soft power remarquable.

De l'organisation d'une coupe du monde de football à l'achat de l'équipe du Paris Saint-Germain, en passant par la chaîne Aljazeera, le Qatar s'est imposé comme un acteur dont la voix a un poids totalement disproportionné avec sa véritable puissance sur le plan international. Ce qui a permis à ce pays de conserver la confiance de la résistance palestinienne tout en se plaçant sous la protection des États-Unis !

Offrir un avion au président des États-Unis peut apparaître comme un acte déplacé, mais pour les dirigeants qataris, c’est un investissement de prestige qui peut parfaitement se justifier.

Le Qatar et les Emirats Arabes Unis ont fait le choix d'investir dans le transport aérien, où ils ont pour ambition de faire de Qatar Airways et Emirates des compagnies phares. Celles-ci sont déjà dans le top dix mondial. Pour le Qatar, acheter 210 appareils pour 96 milliards de dollars sur les dix prochaines années apparaît, dans cette optique, comme une action commercial d'une grande banalité.

Les achats des pays du Golfe en matière de défense sont, de leur côté, un classique. Les États-Unis sont le premier marchand d'armes du monde, et les pays du Golfe un des principaux marchés. Aucune surprise sur ce terrain, même si, en matière de communication, présenter des prévisions sur dix ans permet de transformer en événement important un fait qui est d'une grande banalité.

Placer son argent en lieu sûr

Enfin, le président Trump a annoncé d'importants investissements des pays du Golfe dans l'économie américaine. Est-ce vraiment un scandale ? Les pays du Golfe disposent d'importantes réserves financières, notamment à travers leurs fonds souverains. Où trouver un meilleur endroit pour placer ces fonds, sinon dans la première économie du monde ?

Ceci leur offre, par ailleurs, une double opportunité. En investissant dans des secteurs comme l'IA et les TIC, ils se placent dans un secteur où les possibilités de développement sont infinies. D'un autre côté, leurs investissements massifs dans l'économie américaine leur permettent d'avoir de l'influence, tout en gagnant de l'argent. C'est un pari gagnant.

Tout ceci pour dire que si, sur un plan idéologique ou politique, les accords signés par le président Trump durant sa tournée dans le Golfe peuvent paraître choquants, ils n'en gardent pas moins toute leur cohérence et leur intérêt pour les pays concernés. Contester leur côté moral est une chose, mais n’y voir que ce volet, c’est oublier qu’argent et morale se croisent rarement.

تاريخ May 19, 2025