Abed Charef

Une institution parlementaire française a voté un texte de l'extrême droite.

Qu’il s’agisse de textes conçus et présentés par l’extrême-droite, ou simplement d’inspiration de ce courant, le fait n’est pas nouveau. On a déjà vu ça dans l'histoire : les lois racistes sous Vichy, les pouvoirs spéciaux accordés à l'armée pendant la guerre d'Algérie, la loi glorifiant le colonialisme en 2005.

Ce ne sont pas les pages les plus glorieuses de l’histoire de la France.

Au contraire, il s’agit d’événements qui ont toujours mené à la déchéance, à la honte, à la défaite.

Une autre France

Une partie de la France, celle de la résistance, de la générosité, de la solidarité, la France des réseaux Jeanson et des 121, celle de Vidal Naquet et Henri Alleg, celle des justes et des porteurs de valises, se réveillera sous le choc ce 31 octobre 2025. Elle sait que le vote de la veille est le début de quelque chose, que c'est un virage vers une destination à la fois dangereuse et humiliante.

Elle sait que voter un texte haineux, d'inspiration ou de conception de l'extrême droite, signe l'acceptation de l'ignoble, le début de l'alliance avec l'innommable.

Les régimes racistes, fascistes, ne se sont jamais imposés intégralement tels quels dès le premier jour. Ils ont toujours été construits par étapes, par pans, avec le concours de gens et de courants supposés raisonnables, modérés, qui offrent leur caution et leur concours. C'est la compromission de ces gens et de ces courants qui permet à la honte de prendre ses aises, de prospérer, de s’étendre, jusqu’à occuper tout le terrain.

Un texte insignifiant, mais un symbole immense

Dans le vote de l’Assemblée nationale française du 30 octobre 2025, le texte concerné n'a aucune importance. En l'occurrence, il s'agit de l'abrogation des accords algéro-français de 1968. Ces accords ont été vidés de leur contenu, ils n'apportent plus rien aux Algériens, et le gouvernement algérien a eu tort de ne pas en sortir, comme il l'a fait pour l'accord de 2007.

Le vote de l'assemblée française n'a pas de caractère contraignant. Le texte n'a pas force de loi. Il a juste servi à montrer le périmètre conquis par la honte et la démagogie en France.

Les criminels et les complices

Enfin, le vote a montré qui sont en France les courants enclins à pousser leur pays vers l'abîme de la honte, dans le sillage des Le Pen, d'Éric Zemmour et Éric Ciotti. On retrouve l'extrême droite, la droite extrême, mais aussi de larges pans de la droite traditionnelle et des centristes bon teint, portant une même teinte, celle du sionisme. Le Pen et Zemmour, c’est du classique. Comme hier Aussarès, Bugeaud, Massu, ils sont dans leurs rôles.

Les plus dangereux, ce sont les autres. Edouard Philippe, Gabriel Attal, Laurent Wauquiez, ceux qui pensent qu’en tirant sur l’autre, l’arabe, le noir, le musulman, on construit un pays pur. Par leur bêtise, par leur inconscience, ils sont en train de construire l’infamie. C’est le visage hideux de la France, par opposition a une autre France, belle, accueillante, celle de Gisèle Halimi. Que ce texte soit voté à la veille du 1er Novembre, et quelques semaines après le transfert de Gisèle Halimi au Panthéon montre l’écart entre ces deux France.