De Paris: Souheila BATTOU
Journaliste/Cinéaste
Le marteau du Président de l'Assemblée Générale claqua. Un silence de mort s'abattit, lourd comme un secret d'État. Au pupitre, Bruno Retailleau, double casquette (dernier délire macronien) Intérieur-Affaires Étrangères, fit face au monde, l'œil grave. Pas de discours habituel. Non. Un coup de tonnerre.
"Mesdames, Messieurs les Délégués," commença-t-il, la voix martiale, "la France, patrie de la lucidité, révèle aujourd'hui l'impensable. Le complot qui mine le Moyen-Orient, nos démocraties... et que seul un esprit libre, comme celui du Grand Zemmour, a su démasquer."
Un frisson d'appréhension saisit l'assistance. Les caméras du monde entier zoomèrent sur son visage implacable.
"Mon illustre prédécesseur, Dominique de Villepin, a défendu ici même la dignité de la France, la raison, face à l'absurdité de la guerre en Irak," déclara Retailleau. "Il a ancré notre nation dans l'Histoire par une clairvoyance saluée par tous. Mais aujourd'hui, j'ai l'honneur, moi, Bruno Retailleau, d'aller plus loin. De vous offrir une vérité qui, je l'espère, effacera à jamais ce souvenir pour ancrer la France dans une nouvelle ère de clairvoyance absolue."
Il marqua une pause, le silence se faisant encore plus pesant.
"Je parle," déclara-t-il, le regard perçant la foule, "de Benjamin Netanyahu."
La confusion s'installa. Le délégué israélien cligna des yeux. L'Américain, lui, avait définitivement ruiné sa cravate.
"Oui, Netanyahu !" répéta Retailleau, l'évidence dans la voix. "L'homme que l'on pense être le plus grand défenseur d'Israël ? Le roc ? Pure façade ! La France l'affirme : Benjamin Netanyahu est un agent double. Un agent... des Frères Musulmans !"
Un rire nerveux étouffa un halètement collectif. Des téléphones tombèrent. Des cerveaux implosèrent.
"Je vois votre incrédulité," s'amusa Retailleau, les bras ouverts. "Mais je l'ai toujours dit : les Frères Musulmans ne sont pas une secte folklorique ! C'est une stratégie d'entrisme, de conquête ! Et quel plus beau coup que de prendre les commandes de l'ennemi juré ? Qui, sinon un agent infiltré, transformerait délibérément Israël en bourreau psychopathe détestable aux yeux du monde ? Le pousserait à croire que son existence passe par le génocide des Palestiniens ?"
Il fit une pause dramatique, sortant soudain de sa poche un pointeur laser miniature. Le rayon rouge, vibrant et tremblant, désigna des points invisibles dans l'air, traçant une carte imaginaire du Moyen-Orient. "Regardez bien !" intima-t-il, la voix abaissée à un chuchotement conspirateur. "C'est là que se joue le destin de la civilisation ! Ici... et là..."
Puis, il frappa le pupitre, enchaînant ses "preuves" à un rythme effréné :
"L'arrogance, l'inhumanité, la destruction de Gaza, l'isolement... Tout est calcul ! Ce n'est pas de la politique, c'est de l'auto-sabotage méthodique !"
"Et la preuve ultime ? Ce rabbin, cet homme de paix, assassiné ! Qui a raflé la mise ? Netanyahu ! Devenu incontournable, brandissant la Palestine comme un slogan creux, une massue pour tenir les musulmans à distance, et s'assurer que personne ne lui barre la route de l'anéantissement final !"
"Ses scandales de corruption ? Simple incompétence, direz-vous ? Non ! C'est un travail de sape de l'intérieur ! Qui d'autre s'achèverait ainsi à démanteler la confiance de son peuple dans l'État, à semer le chaos, si ce n'est un agent dont la mission est la désintégration ?"
"Sa guerre impitoyable contre sa propre opposition, contre ceux qui prônaient la paix ? Pure politique, pensons-nous ! Mais non ! C'est l'élimination systématique de toute voix qui aurait pu dévier Israël de sa trajectoire suicidaire ! Il s'est assuré qu'aucun contre-pouvoir ne subsisterait pour contrecarrer ce plan machiavélique !"
"Il crée des hiérarchies absurdes : Ashkénazes d'abord, puis Sépharades, puis Falashas, reléguant les Palestiniens au rang de bétail ! Un plan parfait pour diviser et affaiblir."
"Et cette chimère qu'on nous vend, cette 'culture judéo-chrétienne' ? Une imposture ! Un concept fabriqué pour masquer les véritables fissures, pour nous aveugler pendant que l'agent Netanyahu œuvre à la destruction !"
"Et l'arme nucléaire ? Cette dissuasion qu'il n'a officiellement pas le droit de posséder, et pourtant ! Par ses provocations, Netanyahu l'a transformée en menace létale pour son propre peuple ! Qui d'autre brandirait un tel atout illégal pour précipiter un suicide atomique, si ce n'est un agent dont la mission est la destruction totale ?"
"Ah, et un dernier détail, pour les esprits cartésiens qui douteraient encore de ses connexions... La musique marocaine au mariage de son fils ! Nous l'avons tous remarquée, non ?! Une signature discrète, mais indéniable, pour les connaisseurs !"
Sa voix gagna en intensité, quasiment prophétique. "Ce que le wahhabisme a fait aux musulmans, en les rongeant de l'intérieur par la division, Netanyahu le fait à son propre peuple ! Sa vision de la 'Grande Israël' tirée de la Torah n'est qu'un prélude à un suicide collectif, une implosion divine !"
Il tendit le bras vers l'assemblée, le ton grave et dramatique : "Mais son plan va plus loin, mesdames et messieurs. Ce chaos calculé, ces actions déstabilisatrices qui embrasent les peuples de la Californie à Amman, en passant par Stockholm et nos propres rues de Paris... Ce n'est pas un hasard ! C'est la signature de l'agent ! Un désordre mondial délibéré, un 'éveil des peuples' qui prépare le terrain à l'implosion totale de l'ordre établi ! Son objectif ultime ? Nous mener, méthodiquement, inéluctablement... vers une Troisième Guerre Mondiale ! Un chaos final, la table rase pour que plus rien ne subsiste de ce qu'il est censé protéger !"
Retailleau s'immobilisa, fixant la salle de son regard perçant. "Et les Accords d'Abraham, mes amis ? Ces alliances financières avec des pays du Golfe... C'est là la preuve irréfutable de l'entrisme ! Une main de fer dans un gant de velours diplomatique ! Qui d'autre que les Frères Musulmans aurait pu orchestrer une telle fusion des contraires pour mieux les affaiblir ? Et l'Europe, les États-Unis – ces pantins du N.A.T.O. (dont les lettres, je vous le rappelle, s'alignent étrangement sur le nom de ce même Netanyahu !)... tous des complices inconscients de cette farce mortale !"
Il se redressa, la voix pleine d'une conviction inébranlable. "Il n'y a que deux puissances au monde, le sabre et l'esprit. À la longue, le sabre est toujours vaincu par l'esprit. Et ce soir, à cette tribune, l'esprit a parlé. La vérité a éclaté."
"Mesdames, Messieurs, la naïveté nous tue ! Nous devons nommer l'ennemi là où il se cache ! La France a eu le courage de le dire."
Un silence abyssal. Il fit un salut bref et quitta la tribune, laissant derrière lui des bouches ouvertes, des yeux ronds, et le doux murmure des Nations Unies basculant enfin dans la pure folie.
Flash Info Spécial : Le Monde Sous le Choc du Discours de Retailleau aux Nations Unies
(Écran partagé. À gauche, l'image du pupitre vide des Nations Unies, à droite, un plateau de JT, lumières vives, Pascal Praud, le regard encore perdu dans le vide.)
Pascal Praud (voix tremblante, les yeux écarquillés) : "...Et voilà. Nous venons d'assister, en direct, à un moment... que l'on qualifiera, sans l'ombre d'un doute, d'absolument inédit dans l'histoire des Nations Unies. Le Ministre français des Affaires Étrangères et de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a achevé à l'instant même une allocution... sidérante. Une allocution qui a laissé la salle, et on l'imagine, le monde entier, dans un état de... de profonde perplexité."
(Pascal Praud tourne la tête vers son invité, un politologue au costume impeccable, dont le visage trahit une tentative désespérée de composure.)
Pascal Praud : Professeur Dubois, vous qui avez passé des décennies à décrypter la diplomatie, comment... comment interpréter un tel discours ? Une provocation ? Une nouvelle forme de... de rhétorique ?
Professeur Dubois (déglutit, ajuste ses lunettes, visiblement secoué) : Euh... C'est... c'est sans précédent, Pascal. La France a toujours eu sa voix, son indépendance. Le discours de Monsieur de Villepin en 2003... c'était une posture forte, assumée. Mais là... l'attribution d'une théorie conspirationniste aussi... aussi audacieuse à un chef d'État en exercice, aux Nations Unies... C'est une rupture totale. Une... une erreur de communication d'une ampleur stratosphérique, ou bien... un message codé d'une complexité qui nous échappe encore. On est bien au-delà de la "posture forte", là.
(L'image passe à une courte séquence d'un ambassadeur américain sortant de la salle, l'air livide.)
Reporter (en off, voix tendue) : L'Ambassadeur des États-Unis a refusé tout commentaire, se contentant de dire que "Washington allait étudier très attentivement les propos prononcés". Du côté israélien, le représentant a simplement quitté l'assemblée en déclarant : "Je ne commenterai pas une folie."
(Retour au plateau. Pascal Praud regarde une tablette, l'air encore plus affolé.)
Pascal Praud : Le chaos est total sur les réseaux sociaux. Le hashtag #NetanyahuAgentFrèreMusulman est déjà numéro un mondial, accompagné de #ZemmourPresident. Les memes volent dans tous les sens. Les capitales du monde entier exigent des explications. C'est... c'est irréel.
Professeur Dubois (les yeux dans le vague) : On... on ne sait plus où est la satire, où est la réalité. Ce soir, le monde s'interroge : la France a-t-elle perdu la tête ? Ou bien... le Ministre Retailleau a-t-il, par inadvertance, ouvert une boîte de Pandore que personne ne maîtrisera plus ? L'effet recherché, s'il y en avait un, est sans doute déjà dépassé.
Pascal Praud : Nous tenterons de joindre l'Élysée pour un commentaire. Pour l'heure, le monde attend. Et ne comprend plus.
Avertissement : Le texte est une œuvre de pure fiction satirique. Toute ressemblance avec des théories développées par des éditorialistes français bien connus pour leur obsession des complots mondiaux est purement intentionnelle et vise à explorer les limites de l'absurdité.