Par Hanane Larbi
Contrairement au “ boss” de la culture anglo-saxonne, le mot “ patron” chez nous a toujours été connoté défavorablement. Héritée sans doute de notre “ période socialiste”, au demeurant encore vivace, nous avons toujours eu une méfiance instinctive à l’égard des puissants, a fortiori des fortunés. De plus, ne faisant pas toujours suffisamment la différence entre un entrepreneur et un homme d’affaires, entre la croissance et le développement, les amateurs que nous sommes, regardons avec prudence la planète business.
Alors nous cherchons des réponses autour de nous. Qui pourrait donc nous informer, nous rassurer sérieusement sur notre devenir économique?
La première réponse qui nous vient à l’esprit est: le chef de l’Etat.
Il faut le lui concéder, Abdelmajid Tebboune est un président qui parle énormément économie. Ou du moins, c’est un sujet qu’il n’occulte pas.
Quand il rencontre la presse, il parle très concrètement de pouvoir d’achat et des salaires, confirme que les indicateurs économiques sont au vert, et tranquillise sur le fait que notre agriculture est devenue très rentable.
En sa qualité de chef de l’Etat il parle naturellement des actions “de l’Etat” en matière économique mais mentionne également les réussites du secteur privé. Et quand Abdelmajid Tebboune mentionne le secteur privé il cite systématiquement le CREA ( Conseil du renouveau algérien.) Certes, il en parle à doses homéopathiques (conscient de notre traumatisme vis- à- vis des patrons) mais toujours en termes élogieux. Il fait confiance à ses prévisions, et a même décoré Kamel Moula, son président, de l’Ordre du Mérite National ( excusez du peu.)
Ce dimanche, le CREA organise la deuxième édition de la rencontre du Président avec les opérateurs économiques.
Vu qu’en 2024 le candidat Tebboune nous avait promis que “ son deuxième quinquennat serait essentiellement économique,” l’issue de ce meeting ne peut s’avérer que capitale ; sachant également que le CREA a baptisé « l’année 2025, l’année du succès économique. »
Ayant peu accès au pouls économique, il se pourrait que la portée exacte de cette rencontre nous échappe. Mais le CREA, cet organisme au sigle si prometteur de “création”, ne pourrait-il pas saisir cette opportunité pour combler notre méconnaissance du cosmos patronal. Mieux nous comprendrons, plus nous adhérerons.