الحراك الإخباري - Leadership économique : l’Algérie trace sa route africaine
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Leadership économique : l’Algérie trace sa route africaine

منذ يومين|الأخبار

 Par Moncef Abdelaziz

consultant en stratégie et en intelligence économique

Du 4 au 10 septembre, Alger accueille la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF-2025). Plus qu’un simple rendez-vous économique, ce sommet continental sonne comme un rappel : l’Algérie n’a plus le droit de tourner le dos à l’Afrique. Notre avenir économique, au-delà des hydrocarbures, se jouera largement au sud du Sahara.

Un continent en mouvement

L’Afrique compte aujourd’hui plus de 1,5 milliard d’habitants, dont une majorité a moins de 25 ans. Chaque année, ce sont près de 30 millions de nouveaux consommateurs qui intègrent le marché du travail et de la consommation. En 2050, le continent représentera près d’un tiers de la population mondiale. Derrière ces chiffres se cache un basculement historique : l’Afrique n’est plus seulement un marché émergent, elle devient un pôle démographique et économique incontournable.
Mais parler de « l’Afrique » comme d’un bloc homogène serait une erreur stratégique. On y distingue plusieurs réalités :
• l’Afrique francophone, où les habitudes de consommation et les structures commerciales rappellent en partie celles du Maghreb ;
• l’Afrique anglophone, portée par le dynamisme du Kenya, du Nigéria ou de la Tanzanie ;
• l’Afrique lusophone, dominée par l’Angola et le Mozambique, où la langue portugaise est une passerelle avec le Brésil et l’Atlantique Sud ;
• l’Afrique australe, où l’Afrique du Sud, avec son système bancaire sophistiqué, rivalise avec les économies émergentes d’Asie. Le Zimbabwe, un pays riche, stable qui dispose d’un potentiel énorme, la Namibie, le Botswana, pays riche en diamants et minéraux divers.
Cette diversité impose prudence et intelligence : chaque marché a ses codes, ses réseaux, ses barrières visibles et invisibles. Avant d’exporter, il faut comprendre, observer, et s’entourer. Les études de marché ne sont pas un luxe, mais une condition de survie.

Un terrain déjà occupé

Les Algériens découvrent souvent avec étonnement que dans beaucoup de capitales africaines, les commerces sont dominés par des réseaux déjà solidement installés : les Libanais au Sénégal et en Côte d’Ivoire, les Indiens au Kenya et en Afrique de l’Est, les Sud-Africains dans le retail régional. Ces diasporas maîtrisent les circuits de distribution, connaissent les habitudes locales et disposent d’un ancrage historique. Arriver en conquérant, sans préparation, serait une erreur. L’Algérie doit plutôt jouer la carte du partenariat gagnant-gagnant, en misant sur son rapport qualité-prix et sa proximité géographique.

L’Afrique du Sud, vitrine d’un continent qui avance

Prenons l’exemple de l’Afrique du Sud. Son secteur bancaire affiche une rentabilité comparable, voire supérieure, à celle de nombreuses institutions européennes. Des banques comme Standard Bank, Absa ou Capitec investissent dans la digitalisation, élargissent l’inclusion financière et exportent leur savoir-faire dans toute la région.
Plus au nord, le Kenya s’impose comme le berceau de l’innovation financière, avec le succès mondial de M-Pesa et l’essor des banques digitales. Ces exemples montrent un continent qui invente ses propres modèles, souvent plus agiles et modernes que ceux du Nord.

L’Algérie, un pont naturel

Face à cette Afrique en pleine mutation, l’Algérie dispose d’atouts singuliers. Sa position géographique la place à la croisée de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique subsaharienne. La route transsaharienne Alger–Lagos se déploie comme une artère stratégique, tandis que le développement d’Air Algérie et la projection des banques publiques sur le continent traduisent une volonté claire : faire d’Alger un hub économique africain.
Le Président de la République a multiplié les signaux en ce sens : intensifier la diplomatie économique, encourager les entreprises nationales à franchir les frontières, et faire du « Made in Algeria » une marque reconnue sur le continent. La conférence de septembre n’est pas une fin en soi, mais un tremplin. Le leadership algérien se construira sur la constance, pas sur des opérations ponctuelles.

Nos entreprises ont un rôle à jouer

Les fleurons industriels algériens en sont la preuve. Faderco, avec ses marques Cotex, Bimbies, Awane ou Bimo ; Cevital, leader agroalimentaire ; Hamoud Boualem, symbole d’authenticité ; ou encore des acteurs émergents comme Palmary et Ramy… tous ont le potentiel de séduire le consommateur africain. À condition de comprendre ses préférences : le goût pour les grands formats, la recherche d’un bon rapport qualité-prix, et une fidélité aux marques qui savent rester accessibles.
Au-delà des produits, il y a aussi les services. Des startups comme Yassir ont démontré qu’il était possible, depuis Alger, de bâtir un modèle compétitif exportable. L’avenir, ce n’est pas seulement le sucre, l’huile ou les boissons gazeuses : ce sont aussi les plateformes digitales, les solutions logistiques, le savoir-faire technologique.

Un changement de culture nécessaire

Pour réussir, il faudra aussi rompre avec certaines habitudes. L’Algérien doit sortir du confort du français, et apprendre à dialoguer en anglais, portugais, espagnol. C’est une condition pour pénétrer des marchés où la francophonie est loin d’être la norme. C’est aussi une manière d’ouvrir nos jeunes talents à la mondialisation, dans un monde où l’influence se construit autant par le soft power que par les exportations.
L’Algérie n’a jamais été aussi bien placée pour jouer un rôle de premier plan sur le continent africain. La dynamique est enclenchée : ouverture des banques, développement des infrastructures, volonté politique affirmée, mobilisation du patronat.
La réussite ne dépend pas uniquement de l’État, mais aussi de la capacité de nos entreprises à se montrer professionnelles, patientes et ambitieuses. Le reste du continent ne nous attendra pas éternellement. Septembre 2025 sera le point de départ d’une histoire commune : celle d’une Algérie qui assume pleinement son rôle de hub, de leader et de partenaire naturel du continent.
À cette dynamique s’ajoute la volonté de nos entrepreneurs, de plus en plus nombreux à prendre l’avion pour prospecter, comprendre et s’implanter durablement dans les marchés africains. Ce courage d’aller au contact, de sortir de la zone de confort, mérite d’être salué et encouragé.
L’évènement intra-africain de septembre à Alger sera plus qu’une simple rencontre entre professionnels : ce sera une vitrine de notre ambition collective, un moment pour transformer les intentions en partenariats solides, pour montrer un visage confiant et ouvert du « Made in Algeria ». Avec sérieux, patience et persévérance, l’Algérie a tous les atouts pour s’imposer comme un acteur central du développement africain. L’heure est venue de passer des discours à l’action, avec la conviction que notre avenir économique se joue désormais avec l’Afrique, en Afrique et pour l’Afrique.

تاريخ Sep 1, 2025