Abed Charef
L’Algérie comptera bientôt autant d’habitants que l’Espagne. Probablement avant 2030. Mais d’ores déjà, le pays a atteint une masse démographique d’une autre échelle, laquelle impose une révision complète de l’organisation politique, économique et institutionnelle.
Avec 47 millions d’habitants, l’Algérie compte désormais une population 4,5 fois plus élevée que celle qu’elle avait à l’indépendance. Au sortir de la guerre de libération, le pays comptait trois fois moins d’habitants que l’Espagne, il en comptera autant que le royaume ibérique dans quelques années.
En termes de masse démographique, seuls quatre pays européens (Allemagne, France, Grande Bretagne, Italie) comptent plus d’habitants que l’Algérie. En Afrique, l’Algérie se situerait autour de la dixième place, mais son évolution démographique connaît une différence notable avec celle de la plupart des pays africains: sur le dernier quart de siècle, la population algérienne a augmenté d’un peu plus de 50 pour cent, un taux proche de celui de l’Afrique du Sud, alors qu’ailleurs en Afrique, la population a pratiquement doublé. Ce ralentissement de la croissance démographique a permis d’alléger la pression sur les infrastructures et les services sociaux, comme l’école, le logement et la santé.
Le nombre de naissances a atteint le cap du million pour la première fois en 2014, mais il a peu évolué depuis, et devrait légèrement dépasser 1,1 millions en 2025. Le pays compte ainsi un solde positif de près de 900.000 habitants par an, les décès étant légèrement au-dessus de 200.000 par ans.
Nouvelle pyramide des âges
Alger à elle seule compte aujourd’hui près de la moitié de la population du pays à l’indépendance. Avec ces données, il est évident que le pays a changé de dimension, d’échelle, même s’il reste loin des grandes puissances et mêmes des moyennes puissances démographiques.
Cette évolution est par ailleurs le résultat d’un choix politique, critiqué mais assumé, imposé par le pouvoir au lendemain de l’indépendance. Une politique nataliste forte a été mise en place, avec une place très forte accordée à la protection maternelle et infantile dans les années soixante et soixante dix, faisant chuter la mortalité infantile et provoquer une hausse importante de la population, qui a été pratiquement multipliée par trois entre 1962 et 2.000.
Mais le schéma observé à cette époque, avec une tranche des moins de vingt ans représentant plus de la moitié de la population, a considérablement évolué. Actuellement, les moins de vingt ans dépassent à peine le tiers de la population. La tranche de la population active est désormais la plus nombreuse.