الحراك الإخباري - France - Algérie : quand un pays en crise cherche des boucs émissaires
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France - Algérie : quand un pays en crise cherche des boucs émissaires

منذ يومين|الأخبار


Moncef ABDELAZIZ 

Consultant - Conseil stratégique 


Entre tension diplomatique, crise économique et instabilité intérieure, la France semble aujourd’hui projeter ses propres faiblesses sur ses partenaires historiques, dont l’Algérie. Mais pourquoi ce climat de défiance et de provocation ?

Tensions diplomatiques persistantes, provocations successives:

Les relations entre la France et l’Algérie connaissent de nouveaux soubresauts : expulsions de ressortissants, ingérence politique voilée du côté français et sagesse, application de la légalité et de la réciprocité côté algérien… Chaque épisode ajoute une pierre à un mur de méfiance. Pourtant, les causes profondes ne sont pas uniquement liées à l’histoire ou à la diplomatie : elles sont aussi intérieures.

Une France sous tension : le malaise d’un État fragilisé

1. Une dette publique record

En 2024, la dette publique française a atteint 3 100 milliards d’euros, soit plus de 110 % du PIB. Une situation critique qui limite les marges de manœuvre économiques du pays et inquiète les institutions européennes.

2. Un pouvoir contesté, un président fragilisé

Emmanuel Macron, réélu sans véritable adhésion populaire, fait face à une impopularité record. Sa réforme des retraites, imposée par le 49.3, a déclenché de fortes mobilisations sociales. Les gilets jaunes, bien que moins visibles, demeurent une menace latente pour la stabilité sociale.

3. Une instabilité politique croissante

La France vit une fragmentation politique sans précédent : montée de l’extrême droite (RN), tensions au sein même de la majorité, abstention massive… Le pays semble en quête de cap. L’opinion publique est de plus en plus méfiante envers les élites. Aucun leadership, aucune vision, une succession de décisions hasardeuses et maladroites.

Un climat sécuritaire dégradé

Entre les émeutes urbaines, les violences sociales, les tensions communautaires, et les menaces terroristes, la France connaît un climat d’insécurité persistant. La société est traversée par des fractures profondes. 

Paris : une capitale de plus en plus dangereuse ? 

Une violence banalisée dans les transports. Le réseau RATP et la SNCF enregistrent chaque jour des dizaines d’agressions verbales ou physiques :

• Les contrôleurs sont régulièrement menacés, parfois blessés.

• Les femmes témoignent d’un harcèlement de rue constant dans certaines lignes.

• Le port d’armes blanches est en hausse dans les transports franciliens.

Incivilités et impunité

Outre les actes violents, ce sont les incivilités chroniques qui détériorent la vie quotidienne :

• Dégradations de mobilier urbain.

• Rodéos sauvages en banlieue.

• Dépôts sauvages d’ordures.

• Refus d’obtempérer lors de contrôles policiers (+47 % en 5 ans).

Ces micro-violences nourrissent un sentiment d’impunité et de chaos silencieux.

La ville lumière nage en pleine violence.

• Paris est aujourd’hui la 2e capitale d’Europe la plus touchée par la criminalité, après Londres,

• Le taux de criminalité perçu y est supérieur à celui de Rome, Berlin, Madrid ou Bruxelles.

• Les quartiers touristiques sont particulièrement touchés par les vols à la tire, les agressions, les arnaques, les trafics.

Dans certains arrondissements, les habitants vivent dans un climat d’insécurité quotidienne, entre nuisances, tensions et sentiment d’abandon.

Une peur bleue de la Russie et du déclin stratégique

Face à une Russie offensive et à une Chine de plus en plus influente, la France semble marginalisée sur l’échiquier mondial. Son retrait progressif du Sahel, son isolement diplomatique en Afrique, et son manque d'influence au Moyen-Orient démontrent une perte de poids géopolitique.

À cela s’ajoute une dépendance militaire envers l’OTAN et les États-Unis, qui contraint son autonomie stratégique. 

La peur de la Russie de Vladimir Poutine, amplifiée par le conflit en Ukraine, paralyse une diplomatie jadis ambitieuse. 

Et pendant ce temps… on critique l’Algérie

Face à cette accumulation de faiblesses internes, l’Algérie devient une cible commode :

L’Algérie s’émancipe et affirme sa souveraineté

Ces dernières années, l’Algérie a clairement durci son discours en faveur de sa souveraineté nationale, notamment dans ses relations internationales :

• Elle diversifie ses partenaires (Chine, Turquie, Russie, Afrique du Sud, Sultanat d’Oman), rompant avec une forme de dépendance historique à la France.

• Elle refuse les ingérences dans ses affaires internes.

• Elle s’est exprimée avec fermeté sur plusieurs dossiers sensibles (visa, mémoire, coopération sécuritaire, Sahara occidental…).

Cette liberté de ton dérange, notamment une France qui a longtemps cru pouvoir "gérer" la relation bilatérale en terrain conquis.

Mais derrière ces critiques, ne faut-il pas voir une tentative de diversion ? Une manière d’alimenter l’opinion française avec des ennemis extérieurs pour ne pas affronter les vraies crises internes ?

Vers un nécessaire rééquilibrage

L’Algérie, forte de ses ressources, de sa stabilité politique et de ses alliances élargies joue un rôle stratégique indépendant.

La France gagnerait à regarder en face ses propres défis au lieu de se réfugier dans une posture néocoloniale ou moralisatrice. La coopération avec l’Algérie doit se faire dans le respect mutuel, la lucidité et l’égalité.

Un peuple debout ne se soumet pas. 

L’Algérie nouvelle est digne et déterminée : elle avance, elle bâtit, elle gagne — même lorsque certains préfèreraient la voir à genoux

تاريخ May 30, 2025