Ahmed ABDELKRIM
Depuis plusieurs semaines, le conflit entre Israël et l’Iran ne cesse de s’aggraver, s’engageant dans une dynamique irréversible. Les derniers bombardements qui ont visé la ville stratégique de Haïfa, causant des destructions importantes et la fermeture de l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, illustrent une réalité nouvelle : pour la première fois depuis des décennies, Israël subit des frappes en profondeur et peine à rassurer sa population.
Les sirènes d’alerte résonnent quotidiennement, des milliers d’Israéliens fuient les zones côtières, la circulation aérienne est partiellement paralysée, les chaînes logistiques sont perturbées, et l’économie israélienne commence à suffoquer. Le centre névralgique technologique et financier de l’État hébreu se retrouve désormais vulnérable, dans un climat de panique sociale sans précédent.
Haïfa bombardée : un séisme stratégique
L'attaque qui a ciblé Haïfa, troisième ville du pays et cœur industriel du nord d'Israël, marque un tournant. Outre les dégâts matériels importants, les frappes iraniennes ont forcé la fermeture temporaire des installations portuaires et provoqué des mouvements de population, accentuant l’isolement logistique du pays. Des images de quartiers éventrés, de colonnes de fumée et de civils en fuite font désormais partie du quotidien israélien.
Selon les premières estimations, la fermeture de l’aéroport Ben Gourion coûte à Israël environ 50 millions de dollars par jour en pertes commerciales directes, sans compter les répercussions sur le tourisme, le fret et les investissements étrangers.
Le choc psychologique est profond : Israël, qui pendant des décennies a mené des guerres lointaines en frappant ses ennemis en Syrie, au Liban ou à Gaza, découvre aujourd’hui qu’il n’est plus une forteresse imprenable.
Pourquoi l’Iran ne peut plus reculer
Pour Téhéran, la confrontation est devenue une question de crédibilité stratégique. L’Iran a déjà subi des décennies de sanctions économiques, des assassinats ciblés de ses scientifiques, des cyberattaques et des sabotages d’installations militaires. Le Mossad a tenté à plusieurs reprises de décapiter l’appareil militaire iranien sans parvenir à briser la résilience du peuple iranien.
Les récentes frappes iraniennes et les démonstrations de force balistiques ont placé la République islamique dans une position de puissance nouvelle qu’elle ne peut abandonner sans perdre toute influence régionale. Pour l'Iran, reculer aujourd’hui reviendrait à perdre son ascendant sur ses alliés régionaux et à saper sa dissuasion face à ses adversaires. La fenêtre stratégique est unique : Israël est affaibli politiquement, isolé diplomatiquement et plongé dans une crise sécuritaire interne.
Le moment semble propice pour l’Iran de pousser ses avantages. C’est une bataille pour l’avenir du Moyen-Orient : soit Téhéran impose une nouvelle donne régionale, soit il laisse Israël reconstituer son avantage stratégique.
Les scénarios possibles : une dynamique qui échappe à Israël
1. La guerre d’usure totale
L’Iran, fort de ses réseaux régionaux, pourrait intensifier une guerre prolongée sur plusieurs fronts : le Hezbollah depuis le Liban, les groupes armés syriens au Golan, les Houthis en mer Rouge et la résistance palestinienne à Gaza. L’objectif : submerger les capacités israéliennes, saturer le « Dôme de Fer », maintenir une pression psychologique et économique permanente. Israël, isolé, verrait ses ressources militaires et financières s’éroder rapidement.
2. L’effondrement économique israélien
La prolongation des fermetures d’aéroports et des perturbations logistiques pourrait entraîner des pertes estimées à plus de 2 milliards de dollars par mois. Les investisseurs internationaux, déjà inquiets, pourraient accélérer leur retrait. Le secteur high-tech israélien, qui représente environ 18 % du PIB, est particulièrement vulnérable à l’instabilité prolongée. Les grandes multinationales pourraient délocaliser vers des hubs plus sûrs comme Dubaï ou Istanbul.
3. L’embrasement régional coordonné
L’Iran pourrait franchir une nouvelle étape en coordonnant une attaque simultanée de ses alliés. Le Hezbollah libanais dispose d'un arsenal de plus de 150 000 roquettes et missiles capables de saturer les défenses israéliennes. Les Houthis contrôlent des voies maritimes cruciales et menacent la sécurité des cargos israéliens en mer Rouge. Une guerre sur ces multiples théâtres rendrait la situation ingérable pour Tsahal.
4. L’isolement diplomatique d’Israël
L’enlisement du conflit et la radicalisation des ripostes israéliennes pourraient provoquer une fracture avec certains partenaires occidentaux, notamment en Europe. Déjà, des voix s’élèvent contre la politique d’agression systématique d’Israël. La perspective de sanctions ciblées, voire d’embargos partiels, n’est plus écartée. La Chine et la Russie, de leur côté, continueraient de renforcer leurs liens avec l’Iran.
5. L’effondrement psychologique de la population israélienne
Face à la multiplication des attaques et à la menace constante sur les grandes villes, une partie de la population israélienne pourrait choisir l’exil. L’hémorragie démographique, notamment des jeunes et des élites économiques, pourrait devenir un problème stratégique à moyen terme. Israël risque de perdre sa capacité de résilience sociétale face à une guerre interminable. Le modèle d’Israël terre d’asile viendrait à disparaitre.
L’heure de vérité pour l’Iran
Pour Téhéran, c’est "le moment ou jamais". Tous les indicateurs sont au vert pour pousser ses alliés à l’action, intensifier les frappes et prolonger une guerre qui pourrait briser l’arrogance stratégique d’Israël. L’Iran dispose aujourd’hui des capacités techniques, humaines et régionales pour imposer un nouveau rapport de force.
Une trêve ou une désescalade à ce stade serait perçue comme une faiblesse, voire comme une trahison par ses alliés régionaux. La stratégie iranienne semble claire : frapper fort, frapper longtemps, et ne plus jamais permettre à Israël de retrouver sa position de puissance dominante dans la région.
Israël vacille, son mythe d’invincibilité s’effondre sous les frappes iraniennes.
Haïfa bombardée, l’aéroport Ben Gourion paralysé, une population en fuite : le cœur d’Israël est touché, la peur s’est installée. Face à cet effondrement, l’Iran avance avec puissance et détermination. C’est l’heure de vérité. L’Iran n’a plus rien à perdre et tout à gagner. Aujourd’hui, c’est Téhéran qui dicte le rythme de la guerre. Israël est sur la défensive, isolé, affaibli, et l’Iran a l’opportunité historique de briser définitivement l’arrogance sioniste et d’imposer un nouvel ordre régional.