Ahmed Abdelkrim
À la tête du gouvernement italien depuis moins de deux ans, Giorgia Meloni a surpris l’Europe en réussissant là où beaucoup ne l’attendaient pas. Par une stratégie pragmatique centrée sur la confiance des entrepreneurs, l’investissement et la valeur travail, elle a replacé l’Italie au cœur des puissances économiques mondiales.
Lorsque Giorgia Meloni arrive au pouvoir à l’automne 2022, les observateurs européens sont sceptiques. Les médias, souvent critiques, la présentent comme une dirigeante clivante : conservatrice sur les questions sociétales, ferme sur l’immigration, et peu expérimentée dans la gestion économique d’un État en difficulté. L’Italie sort alors fragilisée de la pandémie, lestée par une dette publique colossale et une croissance structurellement faible.
Moins de deux ans plus tard, le paysage a changé. Les indicateurs macroéconomiques affichent un redressement impressionnant :
• Un PIB par habitant (en parité de pouvoir d’achat) de 59 453 dollars, quasiment au niveau de la France (59 683 dollars).
• Une croissance de 3,9 % depuis 2019, contre seulement 1,5 % pour Paris.
• Des exportations record : 626 milliards d’euros en 2023, propulsant l’Italie au rang de quatrième exportateur mondial, devant le Japon et la Corée du Sud.
• Un excédent commercial de 34,4 milliards d’euros en 2023, quand la France accuse un déficit impressionnant.
Ces résultats n’ont rien d’un hasard. Giorgia Meloni a opéré un virage stratégique en misant sur la mobilisation du tissu économique national, convaincue qu’un pays ne se redresse jamais sans ses entrepreneurs – et encore moins contre eux.
Des mesures fiscales ciblées et un climat de confiance
Dès ses premiers mois, son gouvernement a envoyé des signaux clairs au monde des affaires :
• Allègement de la fiscalité sur les investissements productifs, afin de relancer l’activité industrielle.
• Exonérations de droits de succession pour faciliter la transmission des entreprises familiales, socle historique de l’économie italienne.
• Simplification administrative et réduction de certaines charges pesant sur les PME.
Ces mesures ne se limitent pas à l’économie. Elles traduisent un état d’esprit : celui d’un exécutif qui voit les entrepreneurs comme des partenaires et non comme des adversaires. Giorgia Meloni a multiplié les rencontres avec les organisations patronales, écouté leurs propositions et répondu à leurs inquiétudes.
Ce climat de confiance a créé un effet d’entraînement. Les entreprises, rassurées, ont relancé leurs projets d’investissement et accru leurs exportations. Cette dynamique a renforcé le tissu industriel italien, particulièrement tourné vers la qualité, l’innovation et les marchés internationaux.
Wolfgang Schäuble, l’ancien ministre allemand des Finances, aimait rappeler : « La confiance, c’est 50 % de la croissance. » La trajectoire italienne en offre aujourd’hui une démonstration éclatante.
Une stratégie pragmatique qui dépasse les clivages
Si ses positions sur l’immigration ou certaines questions sociétales continuent de diviser, Giorgia Meloni fait preuve d’un pragmatisme économique qui séduit bien au-delà de son camp. Elle a su combiner incitations fiscales, stabilité politique et défense de la valeur travail pour relancer un pays longtemps paralysé par ses propres blocages.
Le contraste est frappant avec d’autres économies européennes : là où les déficits se creusent, l’Italie affiche un excédent commercial ; là où la croissance stagne, elle avance. La stratégie Meloni a remis l’investissement au cœur des priorités nationales et replacé l’entreprise comme acteur central du progrès social.
En réhabilitant le rôle des entrepreneurs, elle a aussi redonné une forme d’optimisme à un pays souvent marqué par le doute. Les chiffres, certes, impressionnent. Mais c’est peut-être ce regain de confiance collective qui constitue le véritable atout de l’Italie version 2024.
Une leçon européenne ?
L’expérience italienne montre qu’un pays peut inverser le cours de son économie par des leviers simples : écouter son tissu productif, alléger ses contraintes, stimuler l’investissement et valoriser le travail. Autant de principes qui transcendent les clivages partisans.
Giorgia Meloni a rappelé, par sa méthode, que la relance économique ne se décrète pas : elle se construit, pas à pas, en s’appuyant sur les forces vives de la nation. Et que soutenir les entreprises n’est ni de gauche ni de droite ; c’est une condition essentielle de la prospérité collective.
En Italie, les résultats sont là. Et à travers l’Europe, beaucoup s’interrogent : et si la clé de la croissance résidait, tout simplement, dans la confiance ?