الحراك الإخباري - Tebboune face au piège Sansal
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Tebboune face au piège Sansal

منذ 5 أيام|رأي من الحراك

 

Par Abed Charef 


C’est une petite musique jouée en France, et qui a fini par être reprise dans de nombreux cercles en Algérie: l’affaire Boualem Sansal devrait être prochainement réglée de manière élégante, en douceur, sans irriter la partie algérienne, ni heurter les français. Au nom du réalisme politique, et de la nécessité de maintenir des relations indispensables pour le bien des deux pays, la solution se serait imposée d’elle-même, car elle serait la plus raisonnable, celle qui permettrait de sauver la face et d’ouvrir la voie à une relance des relations bilatérales.

Le scénario serait le suivant. Boualem Sansal serait condamné par la justice algérienne, un sacrifice que la partie française serait prête à accepter comme un moindre mal. En contrepartie, M. Sansal bénéficierait d’une mesure de grâce qui pourrai lui être accordée par le président Abdelmadjid Tebboune, une fois tous les recours épuisés. Une mesure qui pourrait intervenir à l’occasion du 5 juillet, du 1er Novembre, voire plus rapidement, à l’occasion de l’Aïd.

Les commentateurs français ont abondamment alimenté cette thèse, qui a été largement reprise sur les réseaux sociaux en Algérie. Leur analyse repose sur les déclarations des présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, ainsi que sur le verdict, une condamnation à cinq ans de prison prononcée jeudi 27 mars par le tribunal de Dar El-Beïda, et considérée comme une sentence clémente par les analystes français.

Le virage a été pris lorsque les soutiens de M. Sansal ont compris que les menaces de représailles et les pressions médiatiques n’auraient pas d’effet sur l’Algérie, quand elles ne sont pas franchement contre-productives. Le président Macron lui-même, qui avait, dans un premier temps, déclaré que l’Algérie « se déshonore en maintenant en détention un homme malade » et en le privant de soins, a radicalement changé de ton. Au lendemain de la condamnation de Boualem Sansal, il a préféré «souhaiter une issue rapide à cette situation qui est une situation humaine, humanitaire et de dignité pour tout le monde». Il n’a pas hésité à jeter des fleurs au président Tebboune, affirmant avoir «confiance» en lui et en «sa clairvoyance».

Il est vrai que le président Tebboune lui avait tendu une perche en déclarant, samedi 23 mars, à propos de la crise dans les relations bilatérales, que le président Macron était «l’unique point de repère» face à une multitude de réseaux et de personnes qui parasitaient ces relations. Ce faisant, le président Tebboune rejetait la balle dans le camp de M. Macron, tout en signifiant que la campagne menée en France relevait d’un «brouhaha» sans conséquences, et que ses animateurs, dont le ministre français de l’intérieur Brunon Retailleau, ne comptaient pas.

L’avocat français de Boualem Sansal, Me François Zimeray, auteur d’une déclaration infamante selon laquelle son client aurait été invité par les autorités algériennes à prendre un avocat non juif, a lui aussi changé de ton. Il a demandé au président Tebboune de gracier son client, compte tenu de « son âge et de son état de santé ». 

Ce revirement crée un véritable paradoxe. En effet, si les menaces et les rodomontades en vigueur jusque-là n’avaient pas d’effet significatif sur l’Algérie, ce changement de cap met une véritable pression sur M. Tebboune. L’opinion française, et, curieusement, une petite partie de l’opinion algérienne, ont été préparées à ce scénario, autour duquel une véritable attente a été créée.

Si le président Tebboune n’accède pas à cette requête, il apparaîtra comme un homme refusant une sortie honorable au profit d’un homme âgé et malade. Il portera donc non seulement la responsabilité du sort de M. Sansal, mais il fermera la porte à une possibilité de normaliser les relations bilatérales.

Mais s’il accepte de jouer le jeu, le risque pour M. Tebboune est énorme. il confirmera que la justice algérienne n’existe pas, qu’elle sert juste à couvrir des décisions politiques. Du reste, s’il fallait retenir des principes humanitaires, d’autres personnes devraient en bénéficier bien avant Boualem Sansal, à l’image de Djamel Ould Abbas , ancien patron du FLN, 91 ans, détenu depuis six ans, ou Abdelmalek Sellal, ancien premier ministre, 77 ans.

Par ailleurs, une action humanitaire peut en appeler une autre. Le président Macron pourrait lui aussi faire un geste en faveur de George Ibrahim Abdallah, détenu depuis 41 ans, ce qui en fait le plus ancien prisonnier politique au monde. Ce serait une porte de sortie honorable qui justifierait une libération éventuelle de M. Sansal auprès d’une opinion algérienne qui condamne très majoritairement les propos et l’attitude de l’écrivain.

تاريخ Mar 28, 2025