الحراك الإخباري - Oued El Harrach : le drame, la solidarité et le poison du mépris
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Oued El Harrach : le drame, la solidarité et le poison du mépris

منذ يومين|الأخبار

 
Ahmed Abdelkrim

Vendredi noir à Alger. Un bus de transport en commun a basculé dans les eaux troubles de l’Oued El Harrach, coûtant la vie à dix-huit personnes. Le choc est immense. Les images de l’accident, tournées à la hâte par des témoins, montrent la carcasse immergée, les cris de panique, et surtout cette course contre la montre pour arracher des vies à la noyade.
Dès les premières minutes, des passants se jettent dans le fleuve. Sans cordes, sans équipements, au risque de leur propre existence, ils tentent d’extraire les victimes coincées. Ces Algériens anonymes ont été les premiers visages du courage. Rapidement, la protection civile déploie ses plongeurs, renforcés par des unités de police. Grâce à leur intervention méthodique et à la coordination des secours, le bilan, aussi dramatique soit-il, aurait pu être bien plus lourd. À l’hôpital, médecins et infirmiers accueillent les blessés, organisent les transfusions, apaisent les familles. Une chaîne de sauvetage s’est mise en place en quelques heures, révélant une société capable de répondre collectivement à l’urgence.
Très vite, les autorités se sont mobilisées. Ministres, walis, responsables militaires et civils se sont rendus sur les lieux pour superviser les secours et manifester leur solidarité avec les victimes et leurs familles. Mais ce qui restera dans les mémoires, c’est moins la présence des autorités que celle des citoyens ordinaires. Des hommes jeunes, des pères de famille, des passants, qui n’ont pas hésité une seconde à plonger pour sauver une femme, un enfant, un inconnu. En matière de solidarité, l’Algérien est incomparable : il est capable de se jeter dans le danger pour sauver des vies qu’il ne connaît même pas. Cet élan collectif s’inscrit dans une tradition ancienne. On l’a vu lors des inondations de Bab El Oued, lors des séismes de Boumerdès, ou plus récemment pendant les feux de forêts en Kabylie : face au désastre, la société algérienne est toujours présente, courageuse et fière.
Dans un contexte aussi douloureux, il ne s’agit pas de spéculer sur les causes de l’accident. Une enquête a été immédiatement ouverte. Elle seule déterminera, avec précision, les responsabilités et les éventuelles négligences. Pour l’heure, l’essentiel est de laisser les services compétents faire leur travail, sans interférences ni conclusions hâtives.
Des mesures concrètes ont toutefois été annoncées dans l’immédiat et des actions concrètes vont suivre. Le ministère des Transports a annoncé le retrait progressif de 84 000 bus vétustes de la circulation, considérant leur renouvellement comme une priorité. Sur le terrain c’est la mobilisation de 16 plongeurs, 25 ambulances, 2 camions d’intervention et 4 embarcations.
L’État a annoncé une aide financière d’un million de dinars pour chaque famille endeuillée, un geste qui, sans jamais compenser la perte des êtres chers, vise à atténuer le poids de cette tragédie.

Une solidarité qui transcende la douleur

Aux côtés des institutions mobilisées, le peuple a lui aussi montré un élan remarquable. Dans l’urgence, des citoyens se sont jetés à l’eau, d’autres ont porté secours, réconforté des familles, épaulant ainsi les équipes de la protection civile, de la police et du corps médical. Cette solidarité spontanée, conjuguée à l’action rapide de l’État, rappelle combien la fraternité reste un socle solide de la société algérienne.

Les ombres de la moquerie

Mais au moment où l’Algérie pleure ses morts, certains commentaires étrangers, notamment en provenance de France et du Maroc, ont choisi la dérision. « Ils diront encore que c’est la faute à la France. » – « Un bus de la Seconde Guerre mondiale. » – « Dommage qu’aucun responsable n’ait été dans le bus. »

Le choc des moqueries venues de l’étranger

Alors que l’Algérie pleure ses morts et que la nation se rassemble dans le deuil, certains internautes haineux ont choisi la dérision. Des propos cyniques et méprisants, minoritaires mais bruyants, ont circulé sur les réseaux sociaux, principalement depuis la France et le Maroc, transformant une tragédie humaine en matière de raillerie.
En provenance de France, on a pu lire par exemple :
• « Ils diront encore que c’est la faute à la France. »
• « Encore un accident… comme si c’était une surprise chez eux. »
• « Ils veulent être une puissance régionale et ils ne sont même pas capables de sécuriser un bus. »
• « Après ça, ils viendront encore accuser le colonialisme. »
• « Dommage qu’aucun responsable n’ait été dans le bus. »
Depuis le Maroc, d’autres commentaires haineux ont circulé :
• « Voilà la fameuse ‘puissance régionale’ : incapable de faire rouler un bus sans drame. »
• « Leurs routes sont des pièges mortels, et ils osent encore donner des leçons aux autres. »
• « On parle d’un pays qui roule encore avec des carcasses des années 70. »
• « Même leurs oueds sont des cimetières, et ils viennent parler de grandeur. »

Ces propos, cyniques et méprisants, témoignent moins d’un humour douteux que d’une incapacité à respecter la dignité humaine. Car derrière ces dix-huit disparus, ce sont des familles entières qui pleurent aujourd’hui.

Un pays debout

La tragédie d’Oued El Harrach restera comme un choc, mais aussi comme une preuve : celle qu’un peuple sait se mobiliser face à l’épreuve, que des institutions savent réagir vite, et que la fraternité demeure le ciment de la société algérienne.
Demain, viendra le temps des conclusions judiciaires et des responsabilités établies. Aujourd’hui, il convient surtout de saluer les vies sauvées, d’honorer la mémoire des disparus, et de reconnaître ce que ce drame a révélé : l’Algérie, même dans la douleur, reste debout.

تاريخ Aug 17, 2025