Hanane LARBI
Mostefa Boudina n’est plus.
Il aura été sans doute l’un des moudjahidine les plus
« cathodiques. » À l’aise en arabe comme en français, il avait grand plaisir comme il aimait à le souligner « à faire des vidéos. »
Mostefa Boudina tenait à s’exprimer. Il assistait fréquemment aux conférences liées à l’histoire et même à la littérature. Et il se présentait toujours de la même manière: « Mostefa Boudina, condamné à mort deux fois » quelquefois il ajoutait « par la France » mais la plupart du temps la formule « condamné à mort » se suffisait à elle-même.
Cette condamnation, il la raconte avec force détails dans son livre Rescapé de la Guillotine.
Un ouvrage où Boudina couche tous les douloureux souvenirs de son incarcération, de son enfermement dans le couloir de la mort de la prison Lyonnaise de Fort Montluc.
Plus de 700 nuits où il ne fermera pas l’œil… « dans une solitude mortelle….à attendre mon tour » tel qu’ il l’écrira.
Cette période de sa vie le rendra d’ailleurs insomniaque. Il ne fera plus jamais une nuit complète. Plus jamais.
Dans son livre, il confie également que du haut de ses 20 ans, il avait plus peur de la guillotine que de la mort…l’idée de « perdre sa tête » le rendait fou….alors le jeune nationaliste allumait cigarette après cigarette pour oublier, oublier les tortures subies, oublier ce qu’il allait sans doute subir.
Dans un deuxième ouvrage: La Nuit à peur de l’aube, Boudina évoquera « la fin héroïque des condamnés à mort guillotinés » et rendra hommage « à ses 22 compagnons dont les têtes sont tombées sur le sol français. »
Le livre aura comme épilogue « la plus belle fin de la plus belle vie, c’est celle de mourir pour sa patrie. »
C’était le plus beau des sorts pour Mostefa Boudina.