Ahmed Abdelkrim
Il y a des peuples que l’histoire forge dans le feu, la douleur et la résistance. L’Algérie en est l’exemple le plus éclatant. On l’appelle parfois “l’énigme algérienne” : un peuple qui, malgré les épreuves, malgré les drames, reste debout, fier, digne, et surtout solidaire.
À chaque catastrophe, ce même scénario se répète. Des hommes et des femmes ordinaires qui se transforment en héros. Oued El Harrach, le séisme de Boumerdès qui a dévasté des milliers de foyers, les incendies de Kabylie, les inondations tragiques de Bab El Oued… Dans chacun de ces drames, des Algériens se sont avancés sans réfléchir, au péril de leur vie, pour sauver un frère, une sœur, ou même un inconnu.
Ce geste, beaucoup de peuples ne le comprennent pas. Comment expliquer cette capacité de donner sa vie sans attendre un merci, sans demander une reconnaissance ? Comment comprendre ce sang-froid face à la mort, cette générosité instinctive qui pousse l’Algérien à se jeter dans les flammes, dans l’eau, sous les décombres ?
La réponse est dans son sang, cela fait partie de son ADN, de ses gènes.
Le sang des moudjahidines, des nationalistes. Ce sang qui a chassé de cette terre l’une des plus puissantes et féroces armées du monde. Ce sang qui n’a jamais courbé l’échine devant l’injustice. Ce sang de guerrier qui traverse les générations et jaillit à chaque épreuve.
Être Algérien, ce n’est pas seulement porter un passeport ou parler une langue. Être Algérien, c’est avoir dans les veines cette fierté ancestrale qui te pousse à protéger ton prochain comme ton propre frère. C’est savoir que ta dignité vaut plus que ta vie. C’est comprendre que le sacrifice n’est pas une option, mais un réflexe.
Ce n’est pas un hasard si ce peuple se tient, aujourd’hui encore, aux côtés des causes justes : la Palestine, le Sahara Occidental, les peuples opprimés. Car dans les cris d’un enfant sous les bombes à Gaza, l’Algérien reconnaît l’écho de son propre passé. Dans les souffrances d’un peuple colonisé, il retrouve son histoire, ses cicatrices, et son combat.
De Tlemcen à Annaba, de Ghardaïa à Tizi Ouzou, de Laghouat à Béjaïa, c’est le même souffle. Une Algérie multiple dans ses cultures, mais une dans son courage. Un peuple forgé par la douleur, mais qui ne plie jamais.
Et pourtant, certains tentent aujourd’hui de présenter la Kabylie comme une terre étrangère, comme si elle n’appartenait pas à ce grand corps qu’est l’Algérie. Quelle erreur historique ! Quelle injustice envers la mémoire ! La Kabylie n’a jamais été en marge de cette nation : elle en a été l’un des berceaux les plus ardents.
C’est de ses montagnes escarpées que sont sortis des combattants d’une bravoure exceptionnelle. Des hommes et des femmes qui ont pris les armes, qui ont versé leur sang, qui ont donné leurs vies pour que flotte un drapeau commun : le vert, le blanc et le rouge.
La Kabylie n’a pas combattu pour elle seule. Elle a combattu pour tous. Pour une Algérie une et indivisible. Pour une identité multiple, riche et authentique. Pour une Algérie qui parle l’arabe et le tamazight, qui chante dans toutes ses langues, qui respire toutes ses cultures, mais qui bat d’un seul cœur.
Oublier cela, c’est insulter la mémoire de ceux qui, de la Grande Kabylie comme de la Petite Kabylie, ont tenu tête à l’armée coloniale, jusqu’au dernier souffle La Kabylie est Algérie. L’Algérie est Kabylie. C’est un lien de sang, de lutte, de mémoire et de destin.
L’énigme algérienne, c’est cela : un peuple qui transforme la tragédie en héroïsme, la douleur en solidarité, la souffrance en force. Un peuple qui, malgré les crises, garde l’espoir chevillé au cœur. Un peuple qui reste fidèle à ses martyrs, à ses ancêtres, à sa mémoire.
L’Algérien est et restera ce guerrier debout, digne et fier, prêt à mourir pour son frère, prêt à défendre sa terre et les causes justes de ce monde. Tant qu’il y aura du sang algérien qui coule dans les veines de ce peuple, il y aura de l’espoir.
L’Algérien n’est pas seulement ce héros des tragédies ou ce guerrier des révolutions.
Il est aussi celui qui croit, profondément, en son pays et en son avenir.
C’est cet homme, cette femme, ce jeune qui, chaque jour, mise sur l’Algérie. Celui qui croit en son État, en son armée, en son économie, en sa croissance. Celui qui sait que malgré les obstacles, malgré les lenteurs, malgré les difficultés, l’Algérie avance.
C’est l’entrepreneur qui bâtit des usines et crée des emplois.
C’est l’étudiant qui rêve d’innover et de hisser le drapeau plus haut.
C’est l’ouvrier, le médecin, le militaire, le chercheur, le paysan, tous convaincus que ce pays immense et riche porte en lui les germes d’un avenir puissant.