الحراك الإخباري - Abroger l’accord de 68, la belle affaire!
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Abroger l’accord de 68, la belle affaire!

منذ 5 ساعات|رأي من الحراك

 

Abed Charef

C’était une évidence. Pour qui connaît la doctrine et la méthode algériennes en politique étrangère, l’accord algéro-français de 1968 régissant la circulation des personnes entre les deux pays relève du passé. Il sera abrogé, tôt ou tard. D’abord parce qu’il apporte peu de choses aux Algériens installés en France, ensuite parce qu’il est devenu un élément de propagande futile, abondamment utilisé par la classe politique française.

Pour l’Algérie, son abrogation, ou sa révision profonde, c’est juste une question de tempo, de méthode, de procédures. Et d’utilité.

L’ancien ministre et ancien ambassadeur Abdelaziz Rahabi l’a clairement dit. «Si la France n’abroge pas l’Accord de 1968, l’Algérie le fera», a-t-il écrit, dans la foulée de l’agitation créée en France au sujet de cet accord.

Selon M. Rahabi, l’accord de 1968 «n’apporte que des avantages mineurs aux algériens auxquels le droit commun conviendrait mieux dans beaucoup de cas en matière de circulation, d’emploi et de séjour».

Cécité française

La partie française sait tout cela. Paris sait que l’accord n’est pas important, que l’utiliser comme moyen de chantage ne mène nulle part. Paris sait également que se passer de cet accord est, pour l’Algérie, un élément de détail insignifiant, comme le montre le précédent de l’accord de 2007. M. Retailleau, l’ancien ministre de l’intérieur français, avait menacé, puis annoncé la suspension de l’accord de 2007 permettant aux titulaires de passeports diplomatiques de chacun des deux pays de se rendre dans l’autre pays sans obligation d’obtenir un visa. Suspendre cet accord était supposé faire du tort à la nomenklatura algérienne, laquelle, pour les faiseurs d’opinion français, ne peut se passer de séjour en France!

En fait, le ministère algérien des Affaires étrangères avait déjà rendu l’accord de 2007 caduc en enjoignant à ses fonctionnaires et cadres de ne plus se rendre en France ni même de transiter par les aéroports français.

Visiblement, la leçon n’a pas été retenue.

Une résolution symbolique

La partie gouvernementale française tente, cette fois-ci, de ne pas repartir sur les mêmes bases, qui aboutiront forcément au même résultat. L’initiative n’est donc pas venue du gouvernement, mais de l’extrême-droite. Cela a commencé par une résolution de l’assemblée nationale française qui a adopté un texte, non contraignant, appelant à dénoncer l’accord de 1968. Une partie de la droite traditionnelle et des centristes ont voté le texte présenté par Marine Le Pen, d’autres ont laissé faire.

Le nouveau premier ministre français Sébastien Lecornu a réagi, en affirmant qu’il allait renégocier cet accord, non l’abroger. C’est moins stupide pour la partie française, car abroger le texte implique qu’il faudra revenir aux accords d’Evian, qui établissaient la libre circulation des personnes entre les deux pays.

Qui fixe le calendrier?

Mais M. Lecornu reste dans une certaine ambiguïté. D’un côté, il envisage la relation avec l’Algérie de manière différente que celle du duo Bayrou-Retailleau, en affichant une volonté de renouer le contact avec l’Algérie, sur une base plus souple. Il a d’ailleurs annoncé une prochaine visite du ministre de l’intérieur Laurent Nuñez en Algérie, affirmant que «quels que soient nos désaccords, on doit être capable de mener une discussion qui soit exigeante et qui protège nos intérêts». Il a aussi déclaré son intention de «ne jamais faire de la question de l'Algérie un sujet de politique intérieure en France», comme en écho à la déclaration du ministre algérien des affaires étrangères Ahmed Attaf qui s’étonnait qu’un pays aussi grand que la France fasse d’un autre pays, souverain, un sujet de politique intérieure.

Mais d’un autre côté, M. Lecornu affiche une tonalité qui risque de déplaire au partenaire algérien. Parlant des discussions envisagées, il a dit «qu’il faut que ce début de renégociation démarre le plus vite possible», et énumère les sujets qui doivent être discutés, comme s’il lui revenait de fixer le calendrier et le contenu des discussions.

Sur ce terrain, la diplomatie algérienne sait faire. Elle n’est pas très innovante, ni particulièrement réactive. Mais pour faire traîner les dossiers, botter en touche, trouver des failles et enfermer le partenaire dans les procédures, elle excelle. Le ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot pourra en témoigner, lui qui voulait se rendre à Alger et qui n’a même pas reçu de réponse. Une star des médias français a failli s’étrangler en découvrant qu’un pays d’Afrique pouvait ignorer les appels du pied d’un chef de la diplomatie française.

Elle risque d’être encore plus surprise en découvrant la suite. La partie algérienne agit déjà comme si l’abrogation de l’accord de 68 était actée. Mais la décision ne doit pas être un acte gratuit, encore moins un mouvement d’humeur. Il s’agit d’en tirer le meilleur profit pour les Algériens, d’en faire un élément de négociation d’autant plus intéressant qu’il peut avoir un impact sur l’échéance de 2027 en France.

تاريخ Nov 7, 2025