Moncef ABDELAZIZ
Consultant - Conseil stratégique
Cette année, célébrer l’Aïd el-Adha pourrait vous coûter bien plus cher qu’un mouton : une amende, voire pire… un sermon administratif !
Car oui, dans le Royaume du bon goût et de la gestion éclairée, le mouton est devenu une menace nationale. Plus dangereux que l’inflation, plus subversif qu’un tweet, le sacrifice rituel est désormais assimilé à un acte de rébellion.
Un mouton = un terroriste potentiel ?
Il faut dire qu’un citoyen marocain qui ose acheter un mouton, le nourrir, le bichonner puis l’immoler dans l’intimité de sa cour... représente une forme avancée d’insubordination.
Et on ne plaisante pas avec l’ordre. Le Makhzen guette ! Attention les amis !
Pendant que certains pays subventionnent les fêtes religieuses, le Maroc préfère criminaliser l’agneau. Logique.
On imagine déjà la scène :
– "Monsieur l’agent, je vous jure que c’était juste pour honorer une tradition millénaire !"
– "Silence ! Où est votre permis de sacrifier ?"
Célébrer l’Aïd ? Quelle idée saugrenue !
Pendant ce temps, les réseaux sociaux sont surveillés.
Un tag "Aïd Moubarak" peut devenir une preuve.
Une photo de gigot : une pièce à conviction. Mmmeuh pas possible dirait l’autre.
Même les moutons en peluche regardent leurs maîtres avec peur.
"Et si je suis le prochain ?", semble dire chaque agneau décoratif. Le Makhzen guette les amis ! Attention !
Un sens des priorités... déroutant
Ironie du sort : dans un pays où l’on tolère parfois l’intolérable, c’est la foi simple du citoyen lambda qu’on réprime.
Le mouton, symbole de soumission à Dieu, devient le symbole d’insoumission au Makhzen.
Bravo à cette gouvernance éclairée qui sait, avec tant de finesse, faire passer un peuple pieux pour une menace publique.
Il fallait oser.
Cette année, l’Aïd el-Adha sera fêté dans le silence, les volets fermés, les couteaux rangés et les cœurs lourds.
Mais rassurez-vous : les caméras surveillent, les ordres tombent, la paix règne.
Les vrais moutons… ce ne sont peut-être pas ceux qu’on pense.
Et pendant que certains s’entêtent à contrôler jusqu’aux traditions les plus sacrées, d’autres peuples – discrets mais dignes – continuent de célébrer leur foi avec simplicité, fierté et liberté.
Plutôt que de critiquer les autres, ils avancent avec leurs principes, et restent fidèles à leur culture.
À méditer.