Fleuron de la littérature persane du 12e siècle, Farid Ad-Din Al- Attar va exposer à travers une fable: Le Langage des Oiseaux le meilleur de la spiritualité. 

L’histoire commence par la grande rencontre de tous les oiseaux du monde. 

Ils ont un seul but: élire leur roi. La huppe (El- hodhod) oiseau très sage et avisé, intervient pour les prévenir que “ leur Majesté existe déjà”, et d’ailleurs elle est la seule à connaître son nom. 

Le Roi s’appelle: Simorgh et le lieu où sa Majesté habite est le mont Qaf.

Mais comment la huppe sait elle tout cela? Messagère du Roi Salomon, qui deviendra prophète ( Sourate Al-Anbiya), elle conversera avec lui dans une langue secrète et incompréhensible par les humains. 

D’ailleurs, le titre Mantiqu At- Tayr, a été choisi par Attar en référence au verset 16 de la sourate An-Naml (Les fourmis) : « Et Salomon hérita de David et dit : « O hommes ! On nous a appris le langage des oiseaux ; et on nous a donné part de toutes choses. C’est là vraiment la grâce évidente. »

La huppe invite donc tous les oiseaux, sans exception à entreprendre le périple. Mais elle les mit en garde: le voyage demande énormément d’efforts, dont la traversée de sept vallées. 

Certes, de nombreux oiseaux souhaitent partir à la recherche de Simorgh, sans savoir comment il est, mais il y aura également du désistement, et même de l’hésitation. 

Un à un, les oiseaux exposent les raisons de leur crainte, et leurs excuses. 

Le génie de Attar réside en cette subtile transposition des attitudes des oiseaux avec nos comportements d’humains. 

Le canard, par exemple, s’excuse de ne pouvoir y aller. Il est déjà heureux dans l’eau et insiste sur le fait que l’eau est source de “Tout.” La huppe lui répondra “ là

Où nous allons, l’eau coule à flots.”

Le faucon très autoritaire, prétend avoir déjà un maître. La huppe lui dira: “ Si tu aimes obéir alors suis moi.” 

Le rossignol, très passionné, dit à la huppe qu’il vit pour l’amour et que sa rose et lui ne font qu’un. Comment pourrait-il la quitter? La huppe l’averti “méfie toi des épines.” 

Ils seront 30 000 oiseaux à faire le voyage. Cependant, des milliers ne pourront aller jusqu’au bout du chemin. 

Seuls trente oiseaux arriveront au mont Qaf. 

Vous, lecteurs, allez cheminer avec ces trente oiseaux, guidés par la huppe, votre âme. 

Le chemin sera semé d’obstacles, de distractions mais il s’éclairera lentement à force de patience et d’humilité. 

Ce sera “Votre” voyage.

Écoutez la Huppe. 

Hanane Larbi