Abed Charef
Un imam salafiste algérien, Abdelfettah Ziraoui Hamadache, a lancé un appel à exterminer les druzes, dans la foulée des affrontements qui ont fait des centaines de morts en Syrie.
Dans une publication facebook, qui semble avoir été supprimée depuis, Abdelfettah Ziraoui utilise un langage d’une rare violence. Il considère les druzes comme des «hérétiques, infidèles et apostats, dont la repentance n’est pas acceptée. Au contraire, ils doivent être tués», écrit-il.
Il exclut toute sympathie ou clémence envers les druzes. Il va jusqu’à dire que «quiconque doute de leur infidélité est un infidèle comme eux».
«Il faut exécuter leurs ouléma (savants) et les hommes de bien parmi eux, car ils risquent d’induire en erreur d’autres gens». Citant abondamment Ibn Taïmya, un imam rigoriste qui a vécu il y’a dix siècles, Ziraoui proscrit toute cohabitation avec les druzes: il interdit de manger leur nourriture, de marcher en leur compagnie, d’assister à leurs funérailles, de dormir chez eux, ou de les utiliser dans des emplois de sécurité. Dans le même temps, il recommande de piller leurs biens, de réduire leurs femmes en sabaya (prisonnières-esclaves).
Minorités persécutées
La déclaration de Hamadache Ziraoui, un appel public au génocide, intervient alors que les druzes de Syrie font l’objet d’une violente campagne en Syrie, qui a fait plusieurs centaines de morts dans la ville et dans la région de Soueïdi, dans le sud du pays. Le nouveau pouvoir syrien, dirigé par Ahmed Charaa, un ancien de Daech désormais reçu en grande pompe dans les capitales occidentales, tente d’imposer son autorité face aux différentes minorités politiques et religieuses et à Israël, mais il n’arrive pas à garder le contrôle de la situation. Après les Alaouites dans le nord, ce sont les druzes (minorité également présente en Palestine et au Liban) qui subissent les massacres.
Imam récidiviste
L’auteur de cette fetwa fait figure d’illuminé dans le monde politique et intellectuel algérien. Pourtant, l’homme reste très écouté au sein d’un courant salafiste rigoriste dont il est difficile de mesurer l’audience.
C’est le même qui avait émis une condamnation en 2014 contre l’écrivain Kamel Daoud. Cet avis religieux, aussi criminel qu’absurde, avait contribué à la notoriété de Kamel Daoud, qui s’est depuis exilé en France, où il a obtenu le prix Goncourt peu après avoir pris la nationalité française et s’être rangé dans un courant de pensée résolument islamophobe.
Le texte de Hamadache Ziraoui a provoqué une large réprobation sur les réseaux sociaux, où des appels ont été lancés pour le traduire en justice pour appel à la haine et appel au génocide.
