الحراك الإخباري - Maroc : Où est le roi ? Un royaume sans voix au milieu du chaos.
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Maroc : Où est le roi ? Un royaume sans voix au milieu du chaos.

منذ ساعتين|الأخبار


Ahmed Abdelkrim

Les nuits marocaines n’ont plus rien de paisible. Dans les grandes villes comme dans les quartiers populaires, la colère éclate. Elle s’exprime d’abord dans les rues, avec des cortèges improvisés, puis dans les affrontements, les vitres brisées, les pillages qui se répètent à chaque crépuscule. Les blessés s’accumulent dans les hôpitaux débordés, les morts se comptent déjà par dizaines selon des sources indépendantes, et la peur s’installe au cœur d’un pays qui se croyait encore récemment à l’abri du chaos régional.

Et pourtant, face à cette crise, le silence est assourdissant. Le roi Mohammed VI n’est pas apparu depuis le début des émeutes. Pas un discours, pas une image, pas même une visite symbolique pour apaiser son peuple. Cette absence, inhabituelle même pour un monarque souvent discret, nourrit toutes les rumeurs : est-il malade ? Est-il à l’étranger ? Est-il encore en mesure de gouverner ? À mesure que le silence dure, l’inquiétude se transforme en défiance. Le Maroc est-il toujours dirigé par son roi ?

Car du côté du gouvernement, la situation n’est pas meilleure. Aziz Akhannouch, chef d’un exécutif qui peine à incarner l’autorité. Ses ministres parlent à peine, ses interventions sont rares et sans relief. Le pays semble gouverné par personne, livré à la répression policière et à des décisions improvisées. Cette vacance du pouvoir visible interroge : qui gouverne vraiment au Maroc aujourd’hui ? Le palais ? Le gouvernement ? Ou un appareil sécuritaire qui agit dans l’ombre, au gré de la rue en feu ?

Dans ce vide politique, d’autres acteurs s’agitent. Les islamistes, marginalisés ces dernières années, sentent le vent tourner. Ils se mobilisent dans les coulisses, tentant de capter la colère populaire pour la transformer en projet politique. Rien de spectaculaire pour l’instant, mais les réseaux s’organisent, recrutent, ils se préparent à passer à l’acte. Si le pouvoir central continue de se taire, il leur sera facile de faire passer leur discours de “justice” et de “moralité” comme alternative au désordre.

La situation est d’autant plus inquiétante que la base même du système, la police et l’armée, n’est pas indemne. Au milieu de ce tumulte, une scène a bouleversé l’opinion : un véhicule de la gendarmerie aurait foncé sur un groupe de manifestants, écrasant plusieurs d’entre eux et provoquant la mort d’un jeune homme sur le coup.Les forces de sécurité sont fatiguées, sollicitées jour et nuit, parfois envoyées réprimer leurs propres voisins. Le malaise est profond. Dans les rangs, le sentiment de servir de bouclier au régime grandit, et certains signes de lassitude apparaissent. Un pouvoir peut-il survivre si son bras armé commence à douter, ou pire, à se retourner ? Les fissures internes, si elles venaient à s’élargir, pourraient changer la donne plus vite qu’on ne l’imagine.

Ce climat n’inquiète pas seulement les Marocains. L’Ambassade des États-Unis à Rabat a récemment publié un avertissement à ses ressortissants, leur recommandant la plus grande vigilance. Quand Washington parle ainsi, ce n’est jamais anodin. C’est le signe que, pour les chancelleries étrangères, la stabilité du Maroc n’est plus garantie. Autrement dit : le pire est envisagé.

Et ce pire, il prend plusieurs visages. Le premier est celui de l’escalade : des manifestations qui dégénèrent en affrontements massifs, alimentés par la répression, où la violence devient la seule langue parlée entre l’État et la rue. Le second est celui de la désagrégation sociale : des quartiers abandonnés à l’insécurité, aux pillages, aux réseaux criminels ou islamistes, pendant que le pouvoir central se replie sur les grandes villes vitrines. Enfin, le plus redouté reste celui d’une fracture politique ouverte : une armée et une police qui lâchent le Mahkzen, un régime qui perd sa légitimité, et un pays qui bascule dans une transition chaotique dont nul ne connaît l’issue.

Le Maroc se retrouve aujourd’hui face à une énigme vertigineuse : un peuple qui hurle son désarroi, un pouvoir absent, et une monarchie muette. Le silence du roi n’est plus une posture, c’est une question existentielle. Car si la voix royale ne se fait pas entendre bientôt, d’autres la remplaceront dans la rue, dans les mosquées, ou dans les casernes. Et ce jour-là, il sera peut-être déjà trop tard pour recoller les morceaux.

تاريخ Oct 1, 2025