Hanane LARBI
Na El-Djoher s’était faite rare ces dernières années.
Bouger de sa maison était devenu très compliqué…mais elle avait gardé les idées claires.
Elle ne pouvait plus écrire comme à son accoutumée…mais elle parlait toujours et encore « de livres. »
Elle ne pouvait plus lire comme à son accoutumée….mais son univers livresque ne l’a jamais quittée. Elle s’épanchait souvent sur « le plaisir de lire » tout en insistant sur le distinguo entre « lecture scolaire obligatoire » et « lecture choisie. »
La lecture….. un véritable sacerdoce.
Un jour, en marge de l’une de ses conférences pendant un salon du livre, alors que l’assistance pensait que Madame Ahmis avait terminé et s’apprêtait à partir, cette dernière - en répondant à une « petite » question- passa encore une bonne quarantaine de minutes à parler de «l’importance du livre de chevet. » Elle avait amorcé un « colloque » sur les « ouvrages dont la lecture ne s’épuise pas. » Quelle formule!
C’était cela Madame Ahmis: de la culture, une grande dose d’altruisme, et une vie consacrée à l’amour des lettres.
La pédagogue qu’elle était aura passé 15 ans de sa vie à valoriser les grands textes et les parcours littéraires des écrivaines et écrivains algériens. Elle était infatigable. Non….passionnée serait plus juste.
Cet engouement pour la littérature et l’écriture, elle l’expliqua dans son œuvre la plus intime: Le Chant de la Sitelle. Elle y relate son enfance, ses études à l’Ecole normale, la société à l’époque coloniale, sa première paye et sa condition « d’être absolu.»
Le Chant de la Sitelle était tout simplement le chant de l’existence.
Alors que la fête de l’Aïd el-Kebir se préparait, la Sitelle s’en est allée.