الحراك الإخباري - Digitalisation, numérisation et e-paiement : l’Algérie face à un tournant décisif
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Digitalisation, numérisation et e-paiement : l’Algérie face à un tournant décisif

منذ يومين|الأخبار

Moncef ABDELAZIZ

Lors de sa dernière rencontre avec la presse le président Abdelmadjid Tebboune a insisté sur deux chantiers devenus incontournables : la digitalisation et la numérisation.

La numérisation, c’est avant tout le passage du papier au digital. Transformer les documents, les archives, les procédures administratives en formats numériques. En clair : remplacer la pile de dossiers dans un bureau par un serveur sécurisé.

La digitalisation, elle, va plus loin : c’est la réorganisation de l’économie et de l’administration autour du numérique. Elle implique de nouveaux modes de travail, une meilleure traçabilité et, surtout, une transparence renforcée.

Un enjeu vital pour l’économie algérienne

Pourquoi ce chantier est-il si crucial ? Une économie de cash, difficilement traçable, qui prive l’État de recettes fiscales considérables et empêche la bancarisation massive de la population.

L’e-paiement et le paiement par carte bancaire sont au cœur de cette transformation. En favorisant les transactions électroniques, on réduit la circulation de cash, on limite les pratiques opaques et on renforce la confiance dans le système bancaire. Aujourd’hui, en Algérie, moins de 30 % des paiements passent par des circuits bancarisés, un retard considérable comparé à d’autres pays émergents.

Quand l’Afrique montre la voie

Le cas du Kenya est emblématique. Grâce à la solution M-Pesa, lancée en 2007, plus de 90 % des adultes kényans utilisent le paiement mobile au quotidien, que ce soit pour régler leurs courses, payer leurs factures ou transférer de l’argent. Résultat : une bancarisation accélérée et une inclusion financière qui a sorti des millions de personnes de l’économie informelle.

Au Zimbabwe, malgré une économie fragilisée, le paiement électronique a progressé à une vitesse impressionnante. La rareté du cash a poussé la population à adopter les paiements mobiles et électroniques, qui représentent aujourd’hui la majorité des transactions.

Ces exemples africains montrent que le changement est possible, même dans des contextes économiques complexes.

L’Algérie à la croisée des chemins

Pour l’Algérie, la numérisation des administrations n’est plus un luxe mais une nécessité. Permettre aux citoyens de payer leurs impôts, taxes et factures en ligne, faciliter les démarches administratives sans déplacements interminables, et surtout, instaurer une traçabilité des flux financiers : voilà des étapes essentielles pour moderniser l’économie.

La digitalisation est aussi un outil puissant contre la corruption. Un système transparent, traçable et automatisé réduit les marges de manœuvre pour les passe-droits et les arrangements en coulisses.

Au-delà des institutions, c’est toute la société qui en sortirait gagnante : des entreprises plus compétitives, des citoyens mieux servis, et un État qui sécurise ses recettes.

Une révolution culturelle autant que technologique

Il ne suffit pas de déployer des plateformes et des terminaux de paiement. La réussite passe aussi par un changement d’habitudes. Les commerçants doivent accepter la carte bancaire, les citoyens doivent avoir confiance dans les outils numériques, et les banques doivent faciliter l’accès aux services modernes. En clair, ce chantier n’est pas seulement technologique : il est culturel — et c’est là que réside le défi le plus important pour l’Algérie.

D’ailleurs, le président de la République l’a clairement affirmé lors de son interview de septembre : « la numérisation doit être finalisée d’ici à la fin de l’année, sinon je prendrai des mesures radicales »

Autrement dit, le chef de l’État fixe un ultimatum : fin 2025 pour achever le chantier.

Ce choix n’est pas anodin : il place la transformation numérique au rang de priorité absolue pour l’économie nationale.

Pourquoi imposer une telle échéance ? Parce que chaque mois de retard coûte. Tant que le cash domine, l’État perd des recettes fiscales substantielles : les transactions informelles échappent à tout contrôle, les circuits opaques restent la norme. La numérisation et le développement de l’e-paiement sont les leviers concrets pour :

Tracer les flux financiers, limiter les pratiques frauduleuses et renforcer la transparence ;

Améliorer la bancarisation, intégrer une population jusqu’ici exclue du système formel ;

Réduire les coûts liés à la gestion du cash (transport, sécurité, risques de vol ou de perte) ;

Offrir aux citoyens et aux entreprises des services plus efficaces, rapides, sécurisés.

En imposant ce “dernier délai”, le président Tebboune manifeste que ce projet ne peut attendre. Il doit se traduire par des réalisations palpables ; plateformes opérationnelles, paiements en ligne, interconnexion des administrations et pas rester à l’état d’annonce.

Si l’Algérie parvient à mener ce virage numérique avec succès, elle peut transformer en profondeur son économie. Si elle échoue, elle risque de rester prisonnière du cash, de l’informel et d’un système opaque. Le compte à rebours a commencé : fin 2025 ne doit pas être une date symbolique, mais un point de bascule effectif.

تاريخ Sep 29, 2025