الحراك الإخباري - Le Mossad en Iran et l’étrange histoire des randonneurs américains
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Le Mossad en Iran et l’étrange histoire des randonneurs américains

منذ 19 ساعة|الأخبار

 

Abed Charef

L’agression israélienne contre l’Iran, le 13 juin 2025, a donné lieu à des commentaires dithyrambiques sur le Mossad, et sur sa capacité à infiltrer un pays aussi fermé que l’Iran. Analystes et experts se sont extasiés devant l’habileté des services de renseignements israéliens à opérer en territoire ennemi, à tracer des cibles, à implanter des bases opérationnelles, à désigner des objectifs à détruire ou à assassiner quand il s’agit de dirigeants, d’officiers supérieurs ou de scientifiques de haut niveau.

La liste des victimes des bombardements israéliens semblait justifier cette admiration. En seffet, selon les informations disponibles, l’attaque israélienne du 13 juin a provoqué l’assassinat de Hossein Salami, chef du corps des Gardiens de la Révolution, Mohammed Bagheri, chef d'état-major des forces armées, Amirali Hajizadeh, chef de la Force aérospatiale des Gardiens de la Révolution, et de neuf scientifiques de haut niveau, parmi lesquels Fereydoon AbbasiDavani, ancien directeur de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique.

Il y’a moins d’un an, le Mossad avait réussi une autre opération spectaculaire, l’assassinat du dirigeant palestinien Ismaïl Hanyeh, tué à Téhéran où il s’était rendu pour assister à l’investiture du nouveau président iranien Massoud Pezechkian.

Le récit romancé de ces exploits a créé une sorte de mythe, devant lequel les commentateurs s’inclinent.

Mais à regarder de plus près, la réalité apparaît beaucoup plus banale : même s’ils peuvent réaliser des coups d’éclat, il est impossible aux services secrets israéliens d’accomplir seuls tout ce qu’on leur attribue. Les louanges qu’on leur adresse, les lauriers qu’on leur tresse ont en fait un autre objectif: cacher les véritables acteurs qui ont fait le sale boulot. Ceci sans occulter une défaillance sérieuse dans le dispositif sécuritaire iranien, qui n’a pas pu protéger des personnalités aussi importantes.

Des alliés très discrets

Aucun analyste sérieux ne peut croire que l’attaque israélienne contre l’Iran a pu être organisée sans le concours de services de renseignements des principaux pays occidentaux. Pour les Américains, les canadiens, les britanniques et les français, peu de choses peuvent échapper à leurs satellites, particulièrement dans un pays aussi scruté que l’Iran. Ils surveillent le ciel et le sol iraniens, cartographient les installations militaires, les entrepôts de missiles et de drones, les grands centres industriels, les bâtiments officiels, ainsi que les sites nucléaires et ceux où résident les hauts responsables.

Akram Khraïef, éditeur du site menadefense, précise entre autres que «l'aide fournie par les occidentaux, essentiellement les Canadiens et les européens, consiste à fournir des passeports aux espions Israéliens et surtout des couvertures crédibles, sous forme de postes de complaisance de coopérants techniques, permettant l'installation de clandestins et la gestion de réseaux d'argent».

Le «facteur humain»

Les experts du renseignement insistent beaucoup sur «l’élément humain», sur les hommes de terrain. Comment cela se passe-t-il?

Pour l’Iran, une histoire datant d’une quinzaine d’années permet d’illustrer cet aspect. Il s’agit de deux fameux randonneurs américains arrêtés en Iran, près de la frontière irakienne.

Selon la presse occidentale, il s’agirait de randonneurs américains qui s’étaient perdus en Iran. Shane Bauer et Josh Fattal avaient été arrêtés le 31 juillet 2009 en territoire iranien, près de la frontière irakienne, qu'ils affirment avoir franchie par erreur après s'être égarés lors d'une randonnée au Kurdistan irakien.

Après avoir lu ça, il faut tenir le regard, comme disent les humoristes. Il faut avoir le cran nécessaire pour garder son sérieux: comment se fait-il que des citoyens américains dans la force de l’âge, autour de trente ans, aillent faire une randonnée dans un pays en guerre, l’Irak, à près de 10.000 kms de chez eux? Comment se fait-il que cette randonnée les mène près de la frontière d’un autre pays, l’Iran, avec lequel les Etats-Unis sont en conflit ouvert depuis trois décennies? Et comment finissent-ils par se perdre dans ce pays qui symbolise l’axe du mal?

La presse occidentale parlait très sérieusement de «randonneurs», et s’était même émue de leur sort, de leur état de santé et de leurs conditions de détention.

Même Amnesty International s’était laissée embarquer dans cette histoire, et exigé leur libération. «Les autorités iraniennes doivent libérer les deux ressortissants américains», avait très sérieusement averti Amnesty, dont un responsable a très doctement déclaré que «rien ne vient étayer les affirmations selon lesquelles Shane Bauer et Josh Fattal seraient des espions». Dans son élan, le directeur du programme Moyen-Orient d’Amnesty International de l’époque, Malcolm Smart, avait même suggéré que l’Iran voulait utiliser les fameux «randonneurs» comme otages pour négocier une contre-partie avec les Etats-Unis!

Vue sous cet angle, l’attitude d’Amnesty pose problème. Tout comme celle de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), qui dispose forcément d’informations importantes sur le personnel scientifique du nucléaire iranien. Elle a d’ailleurs été accusée d’avoir coordonné son action avec les autorités américaines et israéliennes.

Ce tableau offre un schéma qui permet de comprendre pourquoi le Mossad apparaît comme un service de renseignement mythique. En fait, il a très certainement une maîtrise et une organisation efficace, mais il s’appuie aussi sur la complicité des services secret occidentaux alliés qui effectuent une grande partie du sale boulot, sur l’utilisation d’ONG et d’organisations internationales spécialisées, le tout appuyé par un appareil médiatique qui perd tout sens de la mesure. Avec de tels atouts, il y’a de quoi transformer les auteurs du ratage du 7 octobre en James Bond. Et dans la foulée, tenter de faire que le 7 octobre était commandité par les isaréliens!

تاريخ Jun 15, 2025