Par Hanane Larbi
Soummam…….Hadj Lounis a eu le génie de donner à son entreprise un nom à résonance quasi militante, sinon historique. Sans doute est-ce un peu pour cela qu’il a eu la baraka de l’oued, de la vallée, et peut-être même celle des hommes du Congrès.
Qui sait?
Hadj Lounis Hamitouche s’en est allé avec toute la discrétion qui le distinguait.
Ce soir, Akbou pleure l’un de ses enfants les plus chers. Un monsieur hors norme, un personnage.
Le grand patron qu’il était, prenait du plaisir à évoquer son enfance. Il le faisait fièrement et avec émotion:
“ rien n’est facile pour un orphelin” disait-il.
Tout comme il évoquait avec passion ses débuts dans le monde du travail.
À 23 ans et 50 dinars en poche, il quitta sa province bougiote pour Alger.
Son premier job “ avec une vraie paye” comme il le soulignait, a été transporteur de marchandises pour un salaire mensuel de 300 dinars, et un matelas dans le camion pour dormir. Nous sommes dans l’Algérie des années 70, une économie encore très planifiée mais cela n’empêche pas le jeune Lounis “ d’avoir des idées.”
Il s’associe avec “ une connaissance” ayant pour objectif ultime d’acquérir son propre camion. Chose faite.
En 1982, il n’est plus simple transporteur mais propriétaire et pas d’un seul camion mais de quatre. En évoquant cet épisode, il concluait toujours dignement par la petite phrase: “ j’étais devenu entrepreneur.”
Mû par plusieurs projets, Hamitouche se lancera dans le textile, mais l’expérience fut plus que laborieuse.
Dans les années 90, son neveu banquier lui conseille de se lancer dans l’agroalimentaire. L’oncle opte pour la production de produits laitiers et installera sa laiterie dans sa dechra natale, Chelatta.
Quelques années plus tard, il réussi à décrocher un prêt bancaire, acheta un équipement sophistiqué et ….la production s’envola.
Lounis Hamitouche devient le roi du yaourt algérien.
Mais l’aventure ne s’arrêtera pas là. Hadj se lance dans une nouvelle entreprise: l’hôtellerie. Il inaugurera en 2024 la chaîne Atlantis. Un autre pari de gagné.
Hadj Lounis Hamitouche n’a pas vécu qu’une vie, il a connu une odyssée.
Il était de ces patrons qui travaillaient pour créer de la richesse, indiscutablement…mais lui avait un petit supplément d’âme: il travaillait pour rendre le monde meilleur. Son implication pendant la funeste pandémie du Covid, est là pour en témoigner.
D’ailleurs, quand des personnes voulaient le remercier pour sa bienfaisance quasi quotidienne, il disait humblement “ ce n’est pas de la générosité, c’est juste de la solidarité.”
Hadj Lounis Hamitouche s’en est allé.
Quelle infortune.