الحراك الإخباري - Géopolitique et gouvernance : pourquoi l’Algérie doit renforcer son système d’équilibres politiques dans une nouvelle configuration mondiale
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Géopolitique et gouvernance : pourquoi l’Algérie doit renforcer son système d’équilibres politiques dans une nouvelle configuration mondiale

منذ 7 ساعات|رأي من الحراك


Moncef ABDELAZIZ


À l’heure où le monde bascule vers une recomposition profonde des rapports de force, la géopolitique n’est plus une discipline abstraite réservée aux diplomates. Elle devient un instrument de gouvernance incontournable pour les nations qui veulent préserver leur souveraineté, défendre leurs intérêts et anticiper les chocs à venir. L’Algérie, carrefour stratégique entre Méditerranée, Afrique et monde arabe, ne fait pas exception : elle évolue dans un environnement où la pression des blocs, des puissances régionales et des lobbys internationaux est de plus en plus visible.

Dans ce contexte mouvant, la question n’est plus de savoir si la géopolitique doit entrer au cœur de la décision publique, mais comment. Et surtout, comment construire un système d’équilibres politiques intelligents, capable de protéger le pays tout en lui permettant d’exercer une influence efficace.

Un monde multipolaire mais profondément conflictuel

Depuis deux décennies, le modèle unipolaire dominé par les États-Unis laisse place à une configuration multipolaire. La montée en puissance de la Chine, le retour affirmé de la Russie, l’autonomisation progressive de l’Inde, de la Turquie ou des pays du Golfe, redessinent la carte des alliances, souvent au détriment des petits et moyens États.

Les crises sont devenues simultanées, interconnectées et imprévisibles : Ukraine, Gaza, tensions en mer de Chine, recomposition africaine après le retrait français, militarisation de l’Arctique, guerre au Soudan… Dans cet environnement, les pays incapables de lire les dynamiques globales deviennent vulnérables, dépendants, ou invisibles.

L’Algérie, riche en ressources et dotée d’une position géostratégique rare, attire naturellement les convoitises. D’où la nécessité d’une gouvernance nourrie par la culture géopolitique : la capacité à comprendre les intérêts des autres pour mieux défendre les siens.

Le jeu mondial des lobbys : un pouvoir aussi invisible que déterminant

On parle souvent de « grandes puissances ». On oublie qu’une large part de ces puissances s’exerce à travers des lobbys, véritables forces parallèles influençant les décisions économiques, sécuritaires et même médiatiques.

Les exemples internationaux sont nombreux :

Aux États-Unis, le lobby de l’armement (complexe militaro-industriel) influence depuis des décennies la politique étrangère et explique en partie l’implication continue du pays dans les zones de tension.

En Europe, le lobby agricole et agroalimentaire a réussi à imposer des normes qui pèsent sur les importations, modifiant l’équilibre commercial mondial.

En Afrique, certains lobbys miniers façonnent les transitions politiques en coulisses, influencent des coups d’État ou soutiennent des régimes selon leurs intérêts.

L’Algérie n’est pas en dehors de ce jeu. Les lobbys existent, qu’ils soient :

énergétiques, cherchant à orienter les contrats gaziers ;

géopolitiques, tentant d'influencer la position algérienne sur certains dossiers régionaux ;

économiques, agissant sur les orientations commerciales, les accords internationaux ou la stratégie industrielle.

Ignorer leur existence reviendrait à s’exposer à des pressions insidieuses. Les gérer demande une intelligence stratégique fondée sur l’influence plutôt que la confrontation.

L’influence : une compétence d’État à renforcer

Les grandes nations ont compris depuis longtemps que la puissance ne se mesure plus seulement par les armes ou l’économie, mais par la capacité à influencer : idées, récits, perceptions, alliances, représentation médiatique.

La Chine utilise les Instituts Confucius pour diffuser sa culture.

Les États-Unis investissent massivement dans Hollywood, les think tanks et les réseaux numériques.

Les Émirats arabes unis déploient une diplomatie d’influence agressive, mêlant investissements, sport, communication globale et soft power.

Pour l’Algérie, l’influence doit devenir une priorité stratégique : renforcer sa présence dans les organisations régionales, structurer des réseaux de pensée, former des diplomates aux nouvelles formes de communication internationale, a la diplomatie économique et surtout, développer un récit national moderne capable de porter le pays sur la scène mondiale.

Le besoin urgent d’un système d’équilibres politiques intelligents

Face à la complexité géopolitique actuelle, l’Algérie doit consolider un système d’équilibre qui repose sur trois piliers :

L’équilibre interne : la cohésion nationale

Une nation stable est une nation difficile à influencer. Renforcer la confiance, la transparence et l’inclusion politique limite la marge de manœuvre des lobbys internes ou étrangers.

L’équilibre externe : une diplomatie agile et multipolaire 

L’Algérie a toujours privilégié une politique étrangère indépendante. Dans le nouveau contexte mondial, cette indépendance doit s’accompagner d’une agilité diplomatique, capable de dialoguer avec tous sans se diluer dans aucun camp. La diplomatie algérienne forte de son expérience excelle dans ce domaine.

L’équilibre d’influence : comprendre, anticiper, agir

Il ne s’agit plus seulement de se défendre, mais de savoir orienter subtilement les rapports de force. Influencer pour protéger, pour négocier, pour exister. Un pays qui n’exerce pas d’influence devient un territoire d’influence pour les autres.

Gouverner, aujourd’hui, c’est penser géopolitiquement

Dans un monde où les décisions locales ont des conséquences globales, la géopolitique doit être intégrée au cœur de la gouvernance algérienne. Comprendre la logique des puissances, des lobbys et des alliances n’est pas un luxe intellectuel : c’est une condition de survie stratégique.

L’Algérie, forte de son histoire diplomatique, de son capital humain et de son rôle régional, de son leadership, peut non seulement protéger ses intérêts mais aussi s’affirmer comme un acteur incontournable du nouvel ordre mondial à condition d’adopter une vision d’équilibres, d’influence et de lucidité.

Au final, une évidence s’impose : l’intérêt, et seulement l’intérêt national doit précéder toute autre considération. Il est temps d’en finir avec les discours creux, les postures symboliques et les visions fragmentées qui ne placent pas la priorité nationale au sommet de l’action politique. Dans un monde où chaque puissance défend sa souveraineté avec pragmatisme, l’Algérie ne peut plus se permettre le luxe de l’ambiguïté ou de l’improvisation.

Le patriotisme moderne ne se limite pas aux mots : il se mesure à la capacité de protéger nos ressources, de renforcer notre cohésion interne, de maîtriser les influences extérieures et de bâtir une vision géopolitique cohérente. Une nation forte est une nation qui sait où elle va, pourquoi elle y va, et comment défendre sa place dans un système mondial impitoyable. L’heure n’est plus à la réactivité, mais à la stratégie ; non plus à la naïveté, mais à la lucidité ; non plus à la dispersion, mais à l’unité autour d’une seule boussole: l’intérêt national, sans compromis.

تاريخ Nov 25, 2025