الحراك الإخباري - Par mer, par terre, tous vers Gaza
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Par mer, par terre, tous vers Gaza

منذ يوم|الأخبار


De Paris: Souheila BATTOU

Journaliste et cinéaste 


Le 1er juin 2025, au petit matin, le Madleen a quitté le port de Catane, en Sicile. À son bord, douze passagers unis par une même détermination : briser le blocus maritime imposé à Gaza, acheminer une aide symbolique et surtout crier au monde que, face à ce génocide, personne ne doit rester silencieux. 

Objectifs et portée politique 

Pour l’heure, les médias lourds occidentaux font silence sur cette initiative ; ils pourraient, dans un second temps, chercher à la discréditer. Ouvrir un corridor maritime humanitaire vers Gaza. Dénoncer un génocide en cours. Mobiliser l’opinion publique internationale. Mettre fin à l’impunité qui protège la politique coloniale d’Israël. Le message est clair : la flottille n’est pas seulement un défi logistique et politique ; c’est un acte militant à forte charge symbolique. Au cœur de cette action se trouve l’appel à la mobilisation citoyenne. Cette voix collective se veut le miroir d’un monde qui refuse de regarder ailleurs. À bord : des voix engagées et des visages connus. Parmi les douze personnes du Madleen, six Français : Rima Hassan, eurodéputée LFI, figure de proue de cette initiative. Yanis Mhadi, journaliste pour Blast. Omar Faiad, reporter pour Al-Jazeera. Pascal Maurieras, militant CGT. Reva Viard, opposante au projet A69. Baptiste André, médecin. Ce petit groupe hexagonal croise le chemin d’activistes du monde entier : Greta Thunberg, mobilisant depuis quinze ans la jeunesse mondiale ; Un Allemand, un Hollandais, un Brésilien, un Turc, un Espagnol, venus eux aussi brandir leur indignation. 

Rima Hassan: je n’ai pas peur de mourir pour Gaza 


S’y ajoutent des soutiens médiatiques : L’acteur Liam Cunningham, connu pour son rôle de Ser Davos Seaworth dans Game of Thrones et pour sa collaboration avec Ken Loach dans Le vent se lève. Les actrices Susan Sarandon et Alana Hadid, sœur de Bella et Gigi Hadid, qui ont prêté leur voix et leurs réseaux sociaux à l’initiative. Le 1er juin, au moment où le Madleen glisse hors du port de Catane, Liam Cunningham confie : « Ma conscience m’interdit d’être inactif face à l’occupation, qui me rend malade… Je n’ai pas peur qu’ils me tuent. On doit mettre un terme à l’occupation, à l’apartheid et à ce génocide. Dans Game of Thrones, on voit comment le pouvoir peut transformer les gens en monstres… » L’armée prête à intercepter le Madleen. Déjà, la marine israélienne a annoncé qu’elle appliquait une « fermeture de la sécurité maritime » autour de Gaza et qu’elle se préparait à intercepter toute embarcation jugée hostile. Un message radio, diffusé par l’armée, rappelle que « tout rapprochement ou tout éloignement suspect sera considéré comme une menace ». Rien n’indique qu’Israël fasse exception pour des militants humanitaires. En avril, un bateau de même coalition avait été endommagé, vraisemblablement par des drones. Et en 2010, une flottille similaire avait coûté la vie à dix militants après un assaut israélien. Pourtant, malgré ces antécédents sanglants, ils sont partis. Les passagers du Madleen savent qu’ils naviguent sous la menace d’une interception ou d’un naufrage sciemment provoqué. C’est un engagement à haut risque, assumé en pleine conscience. Pour Dr Kesmat El Nahel, éminente psychologue égyptienne, ce bateau vers Gaza est « chargé de vies, de courage et de conscience humaine ». « C’est un engagement à haut risque, assumé en pleine conscience. » Ils prennent le large comme si la mer devenait le seul espace où leur voix pouvait encore se faire entendre. Une flottille baptisée « Madleen ». Le nom du voilier, Madleen, rend hommage à une pêcheuse gazaouie, figure de la résistance locale. En empruntant ce nom, les organisateurs posent un jalon : l’initiative ne cherche pas seulement à défier un blocus ; elle veut rappeler que, au quotidien, des habitants de Gaza luttent pour survivre, ravitailler leurs familles, se réinscrire dans une dignité bafouée. 

Le cri de Ghania Mouffok, la journaliste algérienne, figure majeure du journalisme algérien, avait formulé un appel vibrant : « Ne les laissons pas seuls, ni seules, ces femmes et ces hommes qui traversent l’inconnu pour dire au peuple de Palestine occupé : vous n’êtes pas seuls. Sur cette terre profane, il est des humains qui vous entendent et voient ce que survivre à la haine des colons armés jusqu’au ciel veut dire. » Cet appel, qui servit de fil rouge à l’expédition, rappelle que le Madleen n’est pas uniquement un bateau ; il est l’incarnation d’une solidarité, d’une conscience collective qui refuse l’injustice. 

Marche mondiale vers Gaza : faire écho au Madleen sur terre Sur mer, le Madleen trace son sillage ; sur terre, la Marche mondiale vers Gaza (Global March to Gaza) se prépare. Sous l’impulsion de médecins, d’humanitaires et de citoyens du monde entier, l’appel est lancé : Arrêter le génocide Ouvrir l’accès à l’aide humanitaire Mettre fin au blocus et à l’impunité Mobiliser l’opinion publique. Dès le 3 juin, une réunion digitale via Google Meet a permis aux intéressés de se coordonner. Les organisateurs, comme le CPJPO et Altrimenti Culture au Luxembourg, ont confirmé que le rassemblement se ferait au Caire le 12 juin, pour marcher vers Gaza à partir du 15 juin 2025. 

Cette marche doit à la fois faire écho à l’action du Madleen et étendre la résistance à la terre ferme : en se déplaçant, les manifestants désirent porter le même message : « Marcher ensemble, ouvrir des chemins vers la vie pour Gaza. » Face à la famine utilisée comme arme de guerre, à la destruction quotidienne d’infrastructures vitales et à la déshumanisation systématique, cette double initiative – navire en mer, marche sur terre – dessine un front mondial de résistance citoyenne. En conclusion Le Madleen vogue, fragile esquif sur une mer qui pourrait l’avaler. Mais il porte dans ses voiles le souffle des plaidoiries, des manifestations, des discours, des larmes et des colères. Il porte l’élan d’un poème, un engagement politique, et la foi de ceux qui refusent de se soumettre. Parallèlement, la Marche mondiale vers Gaza prépare ses rangs pour que, sur le continent, la même clameur s’élève et qu’aucune conscience ne reste sourde. 

Et si le Madleen n’atteint pas Gaza, son sillage aura déjà porté la flamme d’une révolte fraternelle, d’une certitude : lorsque la diplomatie échoue et que les gouvernements se taisent, la voix des peuples peut encore soulever des vagues – jusqu’à faire chavirer les certitudes des puissants.

تاريخ Jun 4, 2025
كلمات مفتاحية Algérie , GAZa ,