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La France de Macron : y a-t-il encore un pilote dans l’avion ?

منذ 16 ساعة|الأخبار



Ahmed Abdelkrim

Depuis quelques semaines, Emmanuel Macron multiplie les prises de position tonitruantes sur la scène internationale, au point de donner l’impression d’un chef d’État pressé de jouer dans la cour des grands, quitte à déclencher des polémiques diplomatiques et à brouiller le message de la France. Mais derrière ce volontarisme affiché se pose une question lourde de sens : que se passe-t-il réellement dans la tête du président français ? Et surtout, la France suit-elle encore une ligne de politique étrangère cohérente ou assiste-t-on à une dérive solitaire d’un homme persuadé d’incarner à lui seul la voix du monde ?
La récente crise diplomatique entre Paris et Rome illustre une fois encore la fragilité de la stratégie diplomatique française sous Emmanuel Macron. En convoquant l’ambassadeur d’Italie à Paris, après les propos de Matteo Salvini contre le président français, l’Élysée a voulu donner l’image d’un État ferme, d’un chef qui ne tolère pas l’affront. Mais derrière ce réflexe se cache une difficulté plus profonde : celle d’un pouvoir français qui peine à définir une ligne claire, et qui multiplie les gesticulations symboliques pour masquer une perte d’influence sur la scène internationale.

Une diplomatie de coups d’éclat

Ces derniers jours, Macron s’est illustré par des déclarations et des prises de position qui, loin de renforcer l’image de la France, soulèvent inquiétudes et incompréhensions. Tantôt il défie ses partenaires européens en avançant des positions unilatérales, tantôt il tente de se poser en « stratège militaire », comme lorsqu’il a évoqué l’éventualité d’un engagement français plus direct sur le front ukrainien. Ces annonces, rarement concertées, sont perçues par beaucoup comme des coups d’éclat médiatiques plutôt que comme le fruit d’une vision stratégique mûrie.
Au lieu d’apparaître comme un chef d’État fédérateur, Macron renvoie l’image d’un président isolé, cherchant à imposer une stature de « chef de guerre » alors que la société française, fragilisée par les crises sociales et économiques, réclame avant tout stabilité et clarté.

Le décalage entre le discours et la réalité

Macron veut incarner la force. Mais cette posture se heurte à une contradiction fondamentale : la France n’a plus les moyens géopolitiques, économiques et militaires de jouer seule les premiers rôles sur l’échiquier mondial.
Les interventions françaises au Sahel se sont soldées par des échecs retentissants, avec un retrait précipité face à la montée des régimes militaires hostiles à Paris. Sur le plan économique, la France est confrontée à une dette abyssale, à une inflation persistante et à un désarroi social croissant. Comment, dans ces conditions, prétendre incarner une puissance globale, prête à engager des moyens militaires et diplomatiques dans des conflits de haute intensité ?
Il y a là un paradoxe : Macron souhaite projeter une image de puissance alors que le socle matériel de cette puissance s’effrite. Trop de bruit, peu d’actions.
Chez Emmanuel Macron, la convocation des ambassadeurs est devenue un rituel quasi mécanique. Un ministre étranger critique la France ? Un dirigeant européen conteste son autorité ? La réponse tombe : rappel à l’ordre diplomatique, sommation symbolique, geste de « fermeté » pour rassurer l’opinion nationale. Cette stratégie, pensée comme une démonstration de force, traduit en réalité une fébrilité. Macron réagit avec émotion, souvent dans l’instant, comme s’il fallait coûte que coûte réaffirmer une autorité vacillante.
La politique étrangère française se distingue désormais par ses réactions épidermiques. Macron s’emporte contre Salvini, il utilise le même ton : celui du maître d’école qui veut incarner la morale internationale. Mais derrière les discours, la capacité réelle de la France à influencer les rapports de force reste limitée. Paris s’isole, ses partenaires s’agacent, et ses coups d’éclat ne débouchent sur aucune recomposition stratégique.

La tentation de « l’homme providentiel »

La question qui se pose est donc simple : que se passe-t-il dans la tête d’Emmanuel Macron ? Ses initiatives récentes traduisent une tentation inquiétante : celle de se poser en homme providentiel, celui qui voit plus loin que les autres, celui qui serait capable de redonner à la France son aura perdue. Mais ce rôle, plus proche de la posture gaullienne qu’il aime revendiquer, se vide de sens lorsqu’il n’est soutenu ni par une vision collective, ni par un consensus national, ni même par des relais solides au sein de l’Union européenne.
Au lieu de rassurer, cette diplomatie solitaire donne l’impression d’un avion sans pilote, où le capitaine, obsédé par son image, multiplie les manœuvres brusques, quitte à mettre en péril la stabilité de l’appareil.

Une France fragilisée

À force de vouloir exister à tout prix sur la scène internationale, Macron risque d’affaiblir davantage la position de la France. Car en diplomatie, la crédibilité se construit sur la constance, la cohérence et la fiabilité. Aujourd’hui, les partenaires de la France peinent à discerner une ligne claire : les États-Unis considèrent Paris comme un allié imprévisible, l’Europe doute de son rôle fédérateur, l’Afrique se détourne de l’influence française, et dans le reste du monde, les coups d’éclat médiatiques ne suffisent pas à masquer les limites de la puissance française.
La vraie question est donc : Macron incarne-t-il encore une politique étrangère française au service de la nation, ou bien poursuit-il une quête personnelle d’image et de puissance, au risque de laisser la France en turbulence permanente?

تاريخ Aug 24, 2025